SANTEEbola: Les contrôles des voyageurs à l'arrivée sont contre-productifs, selon une étude

Ebola: Les contrôles des voyageurs à l'arrivée sont contre-productifs, selon une étude

SANTELes contrôles au départ des aéroports seraient plus efficaces...
Nicolas Beunaiche

N.Beu. avec AFP

Si les médecins sur la passerelle des avions rassurent les Occidentaux, ils n'auraient pas grande utilité, selon une étude. Les contrôles pour détecter les voyageurs infectés par le virus d'Ebola au départ des aéroports des pays d'Afrique de l'Ouest touchés par l'épidémie seraient plus efficaces que ceux réalisés à l'arrivée des passagers, assurent en effet des chercheurs qui ont étudié le trafic aérien en provenance de cette zone.

En l'absence de procédures de dépistage au départ (prise de température, questionnaire), trois voyageurs infectés par mois pourraient décoller des trois pays d'Afrique de l'Ouest (Guinée, Liberia et Sierra Leone) frappés par l'épidémie, selon une estimation de chercheurs du Canada, d'Europe et des Etats-Unis, publiée mardi dans la revue médicale britannique The Lancet.

Des contrôles inutiles?

«La meilleure approche pour réduire le risque pour la communauté mondiale est de contrôler l'épidémie à sa source», souligne le Dr Kamran Khan de l'hôpital St Michael à Toronto (Canada), coauteur de l'étude. «Les contrôles à l'arrivée dans les aéroports hors d'Afrique peuvent donner un sentiment de sécurité. Mais cela aurait au mieux des bénéfices marginaux et pourrait détourner des ressources précieuses au détriment d'interventions plus efficaces des services de santé publique», ajoute-t-il.

Le contrôle au départ implique trois aéroports internationaux Conakry, Monrovia et Freetown, note cette étude, alors que le filtrage à l'arrivée requiert nettement plus de moyens. Seize aéroports de quinze pays voient en effet arriver des vols directs en provenance de Guinée, du Liberia et de Sierra Leone. Ces derniers fournissent à leur tour des connections avec 1.238 villes.

En outre, l'utilité des mesures de dépistage à l'arrivée est très faible compte tenu de la durée des vols comparée à la période d'incubation du virus Ebola (8-10 jours en moyenne et jusqu'à 21 jours), relèvent encore les auteurs. Les personnes infectées ne commencent à devenir contagieuses qu'après l'apparition des premiers symptômes (fièvre, courbature, grosse fatigue...). La contagiosité augmente avec la gravité de la maladie, via le contact avec les liquides biologiques (sang, vomissements, matières fécales).