Italie: la Ligue du Nord défile contre «l'invasion» de clandestins
"Stoppez l'invasion!" Des milliers de partisans de la Ligue du ...© 2014 AFP
«Stoppez l'invasion!» Des milliers de partisans de la Ligue du Nord, parti régionaliste et anti-immigrés, ont manifesté samedi à Milan pour exiger la fin de l'opération de secours des migrants en Méditerranée, «Mare Nostrum», accusée d'encourager l'immigration clandestine.
«Nous avons 15% de chômage, nous n'avons pas besoin de main d'oeuvre étrangère», «Les Italiens d'abord», pouvait-on lire sur certaines des pancartes que brandissaient les manifestants dans le long cortège qui s'est rendu dans le calme place du Duomo, au coeur de la ville, pour y écouter le discours du chef de file du mouvement Matteo Salvini.
La Ligue du Nord n'est pas opposée à l'immigration «mais aux clandestins, c'est tout», a lancé ce dernier, juché sur un podium devant la majestueuse cathédrale gothique de Milan, afin de faire pièce aux fréquentes accusations de racisme dont fait l'objet son mouvement.
Selon lui, c'est au contraire l'opération Mare Nostrum qui est «esclavagiste et raciste», responsable de «milliers de morts et d'avoir fait entrer 130.000 clandestins que nous entretenons dans des hôtels 3 étoiles».
Certains sur la place ne prenaient cependant pas tant de précautions: «Je suis devenue raciste» après avoir été agressée à trois reprises par des étrangers à Milan, explique une femme, Clara Nebuloni.
«Nous en avons ras-le-bol de cette situation, nous ne sommes plus en sécurité chez nous. Je ne comprends pas pourquoi tout est dû (aux clandestins). Ils prennent tout ce qui devrait nous revenir, à nos jeunes, à nos personnes âgées qui ont vraiment des retraites de misère», juge-t-elle.
«On a dépassé la limite, il y a des gens qui se suicident parce qu'il n'y a pas de travail, nous avons quatre millions de chômeurs: que faisons-nous? Nous allons en chercher d'autres!», souligne pour sa part Nicla, 21 ans, étudiante ingénieur à Milan, qui assure adorer la «culture et la diversité».
Une autre retraitée à proximité accuse les «envahisseurs» d'introduire «Ebola en Europe».
Plus loin dans le cortège, plusieurs dizaines de jeunes gens à la mine sombre défilaient eux aussi en criant des slogans: ils sont membres du mouvement d'extrême droite Casa Pound.
- Bienvenue à Poutine -
M. Salvini a par ailleurs annoncé qu'il réclamerait avec la dirigeante du Front national Marine Le Pen mardi à Strasbourg «que soit suspendu le Traité de Schengen et que soient contrôlées les frontières».
Plusieurs personnes brandissaient aussi des drapeaux russes ou des pancartes «Bienvenue président», en référence à la visite à Milan cette semaine de Vladimir Poutine pour un sommet Asie-Europe. M. Poutine a eu vendredi un entretien d'une vingtaine de minutes avec Matteo Salvini au cours duquel les deux hommes ont parlé entre autres d'immigration. M. Salvini s'est récemment rendu à Moscou et en Crimée.
Parallèlement, un autre cortège «antiraciste» organisé à l'initiative des centres sociaux a lui aussi défilé à Milan, mais s'est vu bloquer l'accès à la place du Duomo par la police. Les organisateurs ont revendiqué 10.000 participants, tandis que la police a estimé leur nombre à environ 3.000 personnes.
La manifestation de la Ligue du Nord, annoncée de longue date, intervient alors que le ministre italien de l'Intérieur Angelino Alfano a annoncé la fin de «Mare Nostrum» au 1er novembre, mais a promis que «même après, l'Italie continuera(it) à procéder à des recherches et du secours en mer».
L'opération qui avait été lancée en octobre 2013 après la mort de 366 migrants dans le naufrage de leur embarcation au large de l'île de Lampedusa, au sud de la Sicile, doit être remplacée à partir de novembre par un dispositif nettement allégé baptisé «Triton» et géré par l'Agence européenne pour la gestion des frontières Frontex.
Depuis octobre 2013, 150.000 personnes ont été secourues par les unités navales de «Mare Nostrum», les gardes-côtes et les navires marchands qui se trouvaient à proximité des naufrages, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). A l'inverse, quelque 4.000 personnes ont perdu la vie durant la même période.