Conférence antitabac à Moscou: les taxes sur les cigarettes au coeur des débats

Conférence antitabac à Moscou: les taxes sur les cigarettes au coeur des débats

Une grande conférence internationale sous l'égide de l'OMS sur la lutte antitabac s'est ouverte lundi à Moscou et doit mener notamment à un renforcement des taxes sur les paquets de cigarettes, au grand dam des industriels du secteur.
© 2014 AFP

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Une grande conférence internationale sous l'égide de l'OMS sur la lutte antitabac s'est ouverte lundi à Moscou et doit mener notamment à un renforcement des taxes sur les paquets de cigarettes, au grand dam des industriels du secteur.

Cette sixième session de la Conférence des parties à la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac (FCTC), boycottée par les Etats-Unis et le Canada, s'est ouverte sous l'égide de la ministre russe de la Santé, Veronika Skvortsova, et de la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan.

«Je suis fière d'être l'ennemie numéro un de l'industrie du tabac, pour moi c'est un badge d'honneur», a lancé Mme Chan, lors de la session inaugurale de la Conférence, appelée COP6 par ses participants.

La directrice générale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a mis en garde, contre l'influence des cigarettiers, les 1.500 délégués, représentant les 179 parties représentées;

«Les cigarettiers insistent pour faire partie intégrante du débat afin d'apporter des solutions (...) mais octroyer une place à l'industrie du tabac reviendrait à demander à des renards de s'occuper de vos poules», a-t-elle averti.

«Leurs objectifs sont très prévisibles: il s'agit de saper votre capacité à déterminer des directives sur les taxes», a assuré Mme Chan, s'adressant aux délégués.

Les directives sur les taxes, qui amenderont l'article 6 du FCTC, sont au coeur des débats et provoquent la colère des industriels du tabac, qui sont déjà confrontés à un renforcement des politiques antitabac dans la majorité des pays développés.

«Les propositions de taxes à l'agenda de la Conférence de Moscou sont déséquilibrées, transgressent la souveraineté nationale et ne sont pas fiscalement saines», dénonce Iro Antoniadou, porte-parole du cigarettier Philip Morris.

Pour Martin Logan, porte-parole de l'ONG Framework Convention Alliance, qui regroupe plus de 500 ONG du monde entier engagées dans la lutte antitabac, «ces directives sur les taxes sont les mesures les plus simples à mettre en place et les plus efficaces pour réduire le nombre de fumeurs».

«Les directives n'imposeront pas un taux minimum de taxes sur les cigarettes, mais elles seront un outil qui permettront à chaque Etat de mener une politique de taxes adéquate», explique-t-il, indiquant qu'elles seront vraisemblablement adoptées par les Parties mardi.

- les e-cigarettes, sujet sensible -

Les délégués devraient aussi se pencher sur le sujet controversé des cigarettes électroniques, dont un rapport de l'OMS a recommandé l'interdiction de la vente aux mineurs et de leur usage dans des lieux publics fermés.

Ce rapport, publié par l'OMS en vue de la Conférence, avait été contesté par des experts qui estimaient qu'elles étaient bien moins dangereuses que les cigarettes, à l'origine de 6 millions de décès par an.

«Il va être très difficile d'obtenir un compromis sur ce thème», prévient M. Logan.

Signe que le sujet est sensible, le président de la Conférence, le Coréen Chang jin-Moon, s'est contenté de «rappeler aux Parties que les e-cigarettes nécessitent (leur) attention».

Interdites à la vente aux mineurs dans quelques pays européens, comme la France ou l'Espagne, les e-cigarettes sont en vente libre dans la plupart des pays signataires de la FCTC. Selon l'OMS, leur utilisation a au moins doublé chez les adultes comme chez les adolescents entre 2008 et 2012.

Les efforts de la Russie, qui a mis en place l'une des politiques antitabac les plus strictes au monde, ont été salués par l'OMS, alors que les Etats-Unis et le Canada ont refusé de participer à la Conférence, la crise ukrainienne exacerbant les tensions entre Russes et Occidentaux.

«Des amis m'avaient dit il y a des années qu'une telle politique n'arriverait jamais en Russie. Merci d'avoir prouvé le contraire», a lancé Mme Chan, vantant «la politique très complète» de la Russie contre le tabagisme.

«La Russie partage pleinement les objectifs de la Convention», a indiqué le président russe Vladimir Poutine dans un message transmis par sa ministre russe de la Santé, Veronika Skvortsova, qui a annoncé que Moscou avait signé le Protocole international de lutte contre la contrebande du tabac.

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