Sextos: Près de 20% des lycéens américains «sextent» malgré les risques
ETATS-UNIS•Selon une étude menée sur plus de 1.000 élèves...Nicolas Bégasse
Le «sexting» ou le fait d'échanger des images à caractère sexuel par téléphone, reste une pratique très répandue chez les adolescents américains malgré les risques de poursuites et les conséquences parfois fatales.
Selon une étude de l'université de l'Utah parue mercredi, 19,1% des 1.130 lycéens interrogés ont reconnu avoir envoyé une photo d'eux dénudés et 38% affirment en avoir reçues. Près d'une personne sur cinq parmi ces dernières ont fait suivre cette photo à une autre, dit encore cette étude parue dans le journal Computers in Human Behavior. Ces résultats montrent peu de changements par rapport à une étude faite l'année dernière, affirme Don Strassberg, professeur de psychologie à l'université de l'Utah.
«Transmettre une photo sexuelle peut devenir problématique»
«Le "sexting" est loin d'être une pratique isolée et la possibilité de transmettre une photo sexuelle peut devenir problématique, en particulier pour les jeunes femmes qui partagent des photos explicites», explique-t-il. En effet, «une fois que la photo a été envoyée, l'expéditeur n'a plus le contrôle sur qui et combien de personnes verront en définitive cette image», ajoute-t-il confiant ne pas comprendre pourquoi les adolescents continuaient à choisir de se mettre en danger.
Parmi les risques, il cite l'humiliation, l'embarras face à des avances sexuelles non désirées mais aussi le harcèlement électronique, le chantage voire même dans certains cas les poursuites pour recel d'images pédopornographiques.
Aux Etats-Unis, le représentant de l'Etat de New York, Anthony Weiner, avait été la risée de tout le pays en 2011 après avoir reconnu qu'il avait envoyé par SMS des photos de son torse et de son slip bombé à de nombreuses femmes. Mais le "sexting" a également provoqué des tragédies et en particulier chez les adolescents américains.
Suicides et «revenge porn»
Un cas qui avait particulièrement ému l'Amérique est celui de Jessica Logan, pendue à 18 ans en 2008 après qu'une photo d'elle nue, qu'elle avait prise et envoyée à son petit ami, eut été envoyée à des centaines d'adolescents de lycées de la région de Cincinnati. Hope Sitwell, 13 ans, s'est aussi pendue pour des raisons similaires l'année d'après. Ou encore Phoebe Prince en 2010 dans le Massachussetts.
Les jeunes hommes ne sont pas à l'abri, en particulier les homosexuels: un cas particulièrement marquant est celui de Tyler Clementi, un brillant étudiant de 18 ans qui s'est jeté d'un pont de New York en 2010 après que son camarade de chambre eut fait circuler une vidéo prise à son insu où on le voyait avec un amant. Le phénomène a même donnné naissance à l'expression consacrée de «revenge porn» (porno revanche). De nombreux sites permettent aux amants déçus ou éconduits de publier des photos compromettantes.
Au sujet de ces suicides, les chercheurs de l'étude de l'université de l'Utah parle d'un phénomène «très peu fréquent mais très médiatisé». Dans cette étude, les adolescentes affirment avoir envoyé des "sextos" à leurs petits amis dans 83% des cas, les garçons dans 55% des cas. Pour 12% des envois, les adolescents garçons ont envoyé ces photos à quelqu'un qu'ils cherchaient à séduire et 2,4 % à une connaissance.