Bulgarie: Borissov en quête d'une coalition incertaine

Bulgarie: Borissov en quête d'une coalition incertaine

L'ancien Premier ministre bulgare Boïko Borissov, arrivé en ...
© 2014 AFP

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L'ancien Premier ministre bulgare Boïko Borissov, arrivé en tête des élections législatives, les deuxièmes en dix-huit mois, était lundi à la recherche d'une coalition, une tâche ardue pour celui qui a promis la «stabilité» après des crises politiques à répétition.



L'ex-chef de gouvernement de centre-droit (2009-2013) s'est imposé dimanche de façon plus serrée qu'attendu dans le pays le plus pauvre de l'UE, et il manque plus de trente sièges à son parti Gerb pour atteindre la majorité absolue au parlement.

D'après le dépouillement de 99,95% des suffrages annoncé lundi, Gerb obtient 32,66% des voix, ce qui correspondrait selon l'institut Alpha Research à 85 élus au Parlement, où la majorité absolue est de 121 sièges.

Les socialistes ont recueilli 15,31% des voix et une quarantaine de sièges, talonnés par le parti de la minorité turque MDL (14,83%), qui empocherait 39 sièges.

Une coalition avec l'un ou l'autre de ces deux partis précédemment au pouvoir est cependant a priori exclue, le parti socialiste ayant annoncé qu'il resterait dans l'opposition et M. Borissov ayant signalé qu'il refuserait de gouverner avec le MDL.

Le leader socialiste Mihaïl Mikov a toutefois promis «une opposition constructive, prenant compte des intérêts nationaux».

M. Borissov se voit donc contraint de rechercher une alliance incertaine avec au moins deux petites formations. Quatre ou cinq d'entre elles, dont les ultranationalistes d'Ataka, franchissent le seuil des 4% nécessaires pour obtenir des élus, selon le mode de scrutin proportionnel en vigueur en Bulgarie.

- «Gouvernement minoritaire» -

Le bureau exécutif de Gerb a annoncé lundi que le parti était «prêt à un seul compromis: déployer tous les efforts pour créer un gouvernement minoritaire».

M. Borissov avait gouverné de 2009 à février 2013 en étant minoritaire, avec l'appui tantôt de la droite traditionnelle, tantôt des ultranationalistes, tantôt d'indépendants.

Misant sur la lassitude des Bulgares, Boïko Borissov a appelé dès dimanche soir les autres partis à le rejoindre.

Faute de coalition, a-t-il martelé, il y aura «de nouvelles élections», synonymes de «faillite» pour la Bulgarie, un pays qui cumule les handicaps, entre une économie à plat, une pauvreté largement répandue et une corruption galopante.

«Je veux gouverner, moi en personne (...). Je suis prêt à faire tout ce qui est nécessaire pour éviter le scénario noir» d'une impasse, a-t-il assuré.

Au vu des résultats en demi-teinte de son parti, des analystes, dont Daniel Smilov, du Centre de stratégies libérales, n'excluent cependant pas «un gouvernement d'experts» que M. Borissov ne conduirait pas, ce qui «épargnerait son image».

- Défis pressants -

D'autres analystes jugent possible la mise en place d'un gouvernement de large coalition, mais doutent de la capacité d'un tel gouvernement à effectuer des réformes impopulaires et surtout de s'inscrire dans la durée.

«Il y a une certaine chance d'aboutir à une coalition de compromis pour affronter les défis de l'hiver. Mais il serait difficile de créer un gouvernement durable», a estimé Ognian Mintchev, directeur de l'Institut d'études régionales.

Selon Boriana Dimitrova, directrice de l’institut Alpha Research, «le problème n'est pas tellement le nombre de petits partis, mais l’absence d’une claire orientation droite/gauche de ces partis, qui sont artificiellement formés par des intérêts corporatistes».

Dans un commmuniqué publié lundi, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a relevé la «désillusion» des électeurs bulgares, alimentée par «de nombreux scandales de corruption, des alllégations d'achats de votes et un manque de substance de la campagne électrorale».

La future équipe au pouvoir, quels que soient son chef et sa couleur politique, devra affronter des réformes impopulaires de la santé, de l'éducation et des retraites, a rappelé dimanche le président bulgare Rossen Plevneliev. Plusieurs défis pressants l'attendent avant même cette étape.

Le pays doit notamment gérer le risque d'une rupture des approvisionnements, vitaux, de gaz russe en raison de la crise ukrainienne, et la suspension par l'Union européenne du paiement de centaines de millions d'euros d'aides pour cause d'irrégularités dans les marchés publics.

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