Syrie: les Kurdes repoussent une incursion des jihadistes à Kobané
Les combattants kurdes qui défendent depuis près de trois semaines la ville syrienne de Kobané ont repoussé un assaut de l'organisation de l'Etat islamique (EI), mais leur situation apparaît de plus en plus précaire.© 2014 AFP
Les combattants kurdes qui défendent depuis près de trois semaines la ville syrienne de Kobané ont repoussé un assaut de l'organisation de l'Etat islamique (EI), mais leur situation apparaît de plus en plus précaire.
Au moins 20 jihadistes de l'EI ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi après s'être infiltrés à l'intérieur de la cité, en bonne partie vidée de ses habitants.
Ils «ont péri dans une embuscade des YPG (Unités de protection du peuple kurde) dans le secteur est de Kobané», a déclaré à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
«C'est la première fois que l'EI tente de pénétrer à Kobané» depuis l'offensive lancée le 16 septembre contre la troisième ville kurde de Syrie, a-t-il affirmé.
Symboles de la proximité des jihadistes, des drapeaux noirs aux couleurs de l'EI ont été hissés lundi après-midi aux limites Est de la ville, frontalière de la Turquie. Plusieurs ont été plantés sur une colline et un autre sur un bâtiment situé à l'est de la ville, appelée Aïn al-Arab en arabe.
Les jihadistes veulent conquérir Kobané pour s'assurer le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.
La ville revêt aussi une grande importance pour les Kurdes, qui ont mobilisé les combattants de l'YPG pour la défendre mais ceux-ci sont moins nombreux et moins bien armés que les jihadistes, équipés notamment de chars.
Dimanche, une combattante kurde de 20 ans a mené un attentat suicide contre une position de l'EI à l'est de la ville, provoquant la mort de «dizaines» de jihadistes, selon des sources kurdes.
Il s'agit de la première kamikaze kurde recensée depuis le début des violences en Syrie en mars 2011. «Si nécessaire, tous les combattants des YPG suivront son exemple» pour empêcher l'EI d'entrer dans Kobané, a averti son mouvement.
- Frappes 'insuffisantes' -
Les frappes aériennes conduites par la coalition américano-arabe ces derniers jours ont contribué quelque un peu à freiner la progression de l'EI. Mais elles «sont insuffisantes pour battre les terroristes au sol», a déploré un responsable kurde, Idris Nahsen, qui réclame «des armes et des munitions» aux pays de la coalition.
L'offensive de l'EI dans la région a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie.
Certains d'entre eux veulent retourner à Kobané pour combattre, mais en sont empêchés par les autorités turques à la frontière, a constaté l'AFP.
Sans intervenir militairement, la Turquie surveille de près la situation, notamment en raison des obus qui atteignent son territoire depuis une semaine. Un nouveau est tombé lundi sur un commerce de Mursitpinar tandis que la zone frontalière avait été évacuée dimanche après la chute de l'un d'eux, d'origine indéterminée, qui a fait cinq blessés.
Des responsables kurdes ont dénoncé la passivité d'Ankara, qu'ils accusent de laisser faire les jihadistes. Selon la presse britannique, les 46 otages turcs libérés fin septembre par l'EI pourraient avoir fait l'objet d'un échange contre 180 jihadistes, dont plusieurs seraient originaires de pays européens.
- 30 morts dans un double attentat -
Ailleurs en Syrie, au moins 30 combattants et policiers kurdes ont péri dans un double attentat à la camionnette piégée mené par des kamikazes de l'EI, selon l'OSDH.
Les attentats ont visé deux positions des YPG et des assayesh, dont un camp d'entraînement, à l'entrée d'Hassaka, ville partagée entre les forces kurdes et celles du régime de Bachar al-Assad.
Parallèlement, le régime de Bachar al-Assad regagnait du terrain près de la capitale. Son armée a repris lundi Doukhaniyé, aux portes de Damas à partir de laquelle les rebelles lançaient des obus sur la capitale. «La reprise de Doukhaniyé s'est faite en un temps record», a précisé une source militaire à l'AFP.
En Irak, où l'EI contrôle plusieurs régions, au moins 25 jihadistes ont été tués dans des frappes aériennes visant trois bases de l'EI autour de Mossoul (nord), selon des sources médicales et des témoins.
L'Australie, la Belgique et les Pays-Bas ont réalisé ces dernières heures leurs premières missions aériennes pour la coalition en Irak.
Trois avions Rafale envoyés en renfort du dispositif militaire français sont par ailleurs arrivés sur la base d'Al Dhafra, aux Emirats arabes unis.
L'ancien chef du Pentagone Leon Panetta a averti que la lutte contre l'EI «pourrait durer trente ans» et «faire peser des menaces sur la Libye, le Nigeria, la Somalie et le Yémen».