C'est un témoignage rare, qui résonne d'autant plus fort lorsqu'on sait que 3.000 migrants ont péri en Méditerranée depuis janvier. Sur Europe 1, Philippe Martinez, capitaine de remorqueurs en haute mer, a raconté ce jeudi comment il avait participé au sauvetage de 1.840 clandestins en août dernier, en secourant à plusieurs reprises des embarcations de fortune.

Il évoque notamment le jour où il a aperçu une «espèce de radeau gonflable de 10 à 12 mètres de long (...) plein à craquer». Selon lui, il y avait entre 90 et 120 personnes sur ce zodiaque, dont 25% de femmes et d'enfants. Philippe Martinez et son équipage comprennent tout de suite qu'il s'agit de migrants et s'élancent à leur secours. «Ils n'avaient plus d'eau, plus de vivres, plus d'essence (...). Ils n'allaient jamais arriver à Lampedusa», explique-t-il.

Ni une ni deux, Philippe Martinez et son équipage sont venus en aide à ces migrants. «On a eu envie de les sauver», confie-t-il. Mais certains migrants hésitent à monter dans son remorqueur. «Ils préfèrent mourir en mer que revenir de là où ils viennent», observe-t-il.

«Pour eux, la Méditerranée, c'est un grand lac»

Par la suite, Philippe Martinez participe à d'autres opérations de sauvetage, notamment celle de 684 personnes qui naviguaient dans une embarcation sur le point de se renverser.

En parlant avec certains migrants, Philippe Martinez comprend aussi comment ces migrants se sont retrouvés sur ces «cercueils flottants». Certains ont payé entre 1.000 et 3.000 dollars à un passeur pour ce sinistre voyage. Sans se rendre compte qu'ils risquaient leur vie. «Pour eux, la Méditerranée, c'est un grand lac», commente-t-il.

De ces sauvetages, le marin breton garde un souvenir ému. Il n'oubliera jamais «le regard des gens» qu'il a sauvés.

Migrants en Méditerranée : un capitaine témoigne par Europe1fr