Otage français en Algérie: Paris confirme l'authenticité de la vidéo
MONDE•Laurent Fabius a martelé lundi que la France ne «cédait pas aux menaces d'un groupe terroriste» lié à l'Etat islamique...P.B. avec AFP
Paris refuse de négocier avec «un groupe terroriste». Lundi soir, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a confirmé qu'un ressortissant français était retenu en otage et menacé d'exécution par un groupe jihadiste en Algérie mais il s'est montré ferme.
«Nous essayons de faire le maximum pour libérer les otages. Mais un groupe terroriste ne peut pas infléchir la position de la France (...) Pas question de céder aussi peu que ce soit aux menaces d'un groupe terroriste», a déclaré Fabius, le visage grave, lors d'une conférence de presse à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU.
Situation «critique»
Il venait de confirmer l'authenticité d'une vidéo montrant l'otage, Hervé Gourdel, un guide de haute montagne enlevé par un groupe algérien, «Jund al-Khilafa», lié aux jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI). Le Français a été enlevé, selon les autorités françaises et algériennes, dimanche soir dans la région de Tizi Ouzou, à 110 km à l'est d'Alger.«Le ministère des Affaires étrangères confirme malheureusement l'authenticité de la vidéo», a déclaré Laurent Fabius, qualifiant la situation d'«extrêmement critique».
La vidéo montre l'otage demandant au président français de le sortir de cette situation. Il est assis par terre entouré de deux hommes masqués et armés de kalachnikovs. «Je laisse à Hollande, le président de l'Etat français criminel, le soin d'arrêter les attaques contre l'Etat islamique dans les 24 heures qui suivent la publication de ce communiqué ou son ressortissant Hervé Gourdel sera égorgé», affirme un des deux hommes armés.
Premières frappes américaines en Syrie
L'annonce de cet enlèvement est survenue quelques heures après un appel de l'EI à tuer les citoyens, notamment américains et français, des pays appartenant à la coalition internationale mise en place pour combattre ce groupe extrémiste sunnite en Irak et en Syrie, où il sème la terreur.
«Les menaces proférées par ce groupe sont extrêmement graves et témoignent de la cruauté extrême de Daesh et tous ceux qui s'en réclament», a ajouté Laurent Fabius. Paris est le seul pays pour le moment à s'être engagé aux côtés des Etats-Unis dans des frappes aériennes contre les jihadistes du groupe EI dans le nord de l'Irak.
«La position de la France est guidée par la défense de nos propres intérêts. C'est aussi notre défense et notre sécurité qui est en jeu», a souligné le chef de la diplomatie française. Interrogé sur le fait de savoir si Paris pourrait étendre ces frappes en Syrie, base arrière du groupe Etat islamique, Laurent Fabius a réitéré la position officielle française, qui est d'apporter un soutien à l'opposition syrienne modérée luttant à la fois contre les jihadistes et contre le régime du président Bachar al-Assad.
Toutefois, il a estimé qu'il n'y avait pas d'empêchement de nature légale à agir en Syrie, semblant marquer une évolution de la position française, officiellement très légaliste. Washington a indiqué lundi soir avoir effectué des premiers tirs en Syrie.