Référendum en Ecosse: Que peut-il se passer vendredi?
DÉCRYPTAGE•Si le «oui» l’emporte, que se passera-t-il en ce «jour d’après»?...Bérénice Dubuc
C’est le jour J. Quelque 4,29 millions d'électeurs ont commencé ce jeudi matin à voter pour répondre à la question: «L'Ecosse devrait-elle devenir un pays indépendant?» Les 2.600 bureaux de vote écossais ont ouvert leurs portes à 7h locales (8h à Paris) et fermeront à 22h (23h à Paris), et les premiers résultats de ce scrutin historique qui pourrait conduire à l'éclatement du Royaume-Uni sont attendus vendredi matin. Que se passera-t-il en ce «jour d’après» si les électeurs votent en majorité «oui» à l’indépendance? Eléments de réponse.
L’Ecosse proclamera-t-elle son indépendance dès vendredi?
Non. Même si le «oui» l’emporte, l’indépendance en elle-même ne sera prononcée que le 24 mars 2016. Des négociations s’ouvriront en revanche avec le gouvernement britannique pour discuter les termes du «divorce», notamment en ce qui concerne la monnaie, la dette, la question du pétrole de la mer du Nord ou encore l’avenir de la base nucléaire sous-marine britannique, située dans le port de Falsane.
La monnaie, l’économie, la nationalité… ne changeraient donc pas immédiatement?
Non. La monnaie écossaise restera vendredi la livre sterling, même si Londres a prévenu qu’en cas de victoire des indépendantistes, l'Ecosse en serait privée. De leur côté, les partisans du «oui» ont indiqué vouloir conserver la monnaie, mais aussi la BBC, la liberté de circulation entre l’Ecosse et l’Angleterre. Et, comme l’expliquait l’une de nos internautes, l’attribution des passeports se fera en plusieurs phases, avec d’abord un système de double nationalité, puis le choix sera donné de conserver un passeport britannique ou d’en obtenir un écossais d’ici douze mois.
Quid des organisations internationales?
Le Premier ministre écossais, Alex Salmond, compte faire entrer l’Ecosse au sein du Commonwealth -les États indépendants qui reconnaissent la reine Élisabeth II comme étant leur chef d’État, à l’instar de l'Australie ou du Canada-. Le nouveau pays devra également négocier sa place au sein de à l'ONU, de l'Otan, et de l'Union européenne. Une tâche qui va s’avérer compliquée, puisque la demande officielle d'adhésion écossaise devra être acceptée à l'unanimité par les 28 pays membres. Or, le Royaume-Uni, mais aussi l'Espagne et la Belgique -où les indépendantistes sont très actifs- pourraient s’y opposer.
La victoire du «oui» risque-t-elle de précipiter la chute de David Cameron?
C’est fort probable. Il s’agirait d’un tel revers politique pour David Cameron, que le «Premier ministre britannique qui a perdu l'Ecosse» pourrait être contraint à la démission. Les membres du parti conservateur ne lui pardonneraient certainement pas d’avoir autorisé le référendum, et pourraient le renverser via une motion de défiance. Il ne dirigerait donc pas le parti pour les élections législatives de 2015.
Y aura-t-il d’autres conséquences sur le plan politique?
Si le Royaume-Uni perd l’Ecosse, où l’électorat vote traditionnellement plus à gauche, le parti travailliste risque lui aussi d’y perdre. En effet, 41 de leurs 255 députés à la Chambre des Communes viennent d’Ecosse. Une sortie de l'Ecosse du Royaume-Uni risque également de sceller la fin du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne. Les Ecossais étant bien plus europhiles que les Anglais, le «non» aurait de grandes chances de l’emporter lors du référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne de 2017.
En revanche, Alex Salmond devrait sortir vainqueur du scrutin. Si le oui l'emporte, il deviendra le «père de l'indépendance écossaise». Et si c’est le non, il y gagnera également politiquement. En effet, les partisans du maintien dans l’union ont promis pendant la campagne une autonomie renforcée, et des discussions entre les gouvernements écossais et britannique devraient s’ouvrir pour négocier les termes de cette autonomie accrue.