Grèce: un an après le meurtre de Pavlos Fyssas, le pays attend le procès Aube dorée
•Un an après avoir secoué la Grèce, l'assassinat du musicien ...© 2014 AFP
Un an après avoir secoué la Grèce, l'assassinat du musicien Pavlos Fyssas par un militant d'Aube dorée, le 18 septembre 2013, est devenu le symbole des antifascistes et donnera lieu à de nombreuses commémorations à partir de jeudi, en attendant le procès historique de ce parti néonazi.
Rappeur engagé, Pavlos Fyssas, 34 ans, avait reçu deux coups de couteau dans le thorax dans la nuit du 17 à 18 septembre. Un militant d'Aube dorée, Yiorgos Roupakias, 45 ans, avait avoué le meurtre en révélant avoir été en contact avant les faits avec un cadre du parti.
Le tollé provoqué en Grèce et à l'étranger avait poussé les autorités grecques à sévir pour la première fois contre Aube dorée, tenu pour responsable de nombreuses violences contre des immigrés et militants de gauche au cours des années précédentes, dans une quasi-impunité.
Quinze jours après l'homicide, le chef et fondateur du parti, Nikos Michaloliakos, et plusieurs députés avaient été placés en détention provisoire, inculpés «de participation à une organisation criminelle».
Sous l'égide du parquet de la Cour suprême, l'enquête des deux juges d'instruction a pris des dimensions tentaculaires: des dizaines de personnes entendues, 78 inculpations prononcées dans un dossier de plusieurs milliers de pages.
Les 16 députés Aube dorée et deux ex-députés ayant quitté les rangs de la formation sont poursuivis, huit sont en détention provisoire, dont toute la direction du parti.
Un renvoi devant la justice est attendu prochainement et le «procès Aube dorée», distinct de celui du meurtre de Fyssas, devrait intervenir d'ici à la fin de l'année, selon une source judiciaire. avec un défi juridique de taille: prouver le caractère «d'organisation criminelle» du parti.
Malgré cette offensive, Aube dorée a progressé, les électeurs en faisant le troisième parti du pays aux élections européennes de mai (9,39% et trois députés sur les 21 députés grecs), derrière la gauche radicale Syriza et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (au pouvoir).
- 'Pavlos vit' -
Dans les anciennes banlieues industrielles de l'ouest d'Athènes, comme celle de Keratsini où Fyssas a été tué, le score du parti est supérieur à la moyenne nationale.
«A Keratsini, Aube dorée a engrangé des voix sans faire campagne, il y a un tel dégoût de la classe politique... Ici 48% de la population est au chômage (27% au niveau national, NDLR)», explique l'ancien maire Loukas Tzanis (indépendant), battu aux municipales du printemps par une coalition de gauche.
Fondé dans les années 80 sur une base idéologique xénophobe et antisémite, Aube dorée est sorti de la confidentialité en capitalisant sur le malaise politique, économique et social d'un pays sous cure d'austérité depuis 2010 après être passé au bord de la faillite.
Des photos anciennes parues récemment dans la presse ont montré Nikos Michaloliakos effectuant le salut nazi sur fond de drapeau à croix gammée ou la carte de vœux 2007 de son bras droit, Christos Papas, se concluant par «Heil Hitler».
Sous le slogan «Pavlos vit, Plus jamais de fascisme», des rassemblements dans des quartiers proches du centre d'Athènes et une manifestation se tiendront jeudi soir sur les lieux du meurtre avant un concert vendredi au pied du parlement. Un festival «antifasciste» est prévu samedi.
Les organisateurs dénoncent «l'hypocrisie» et «le retard» du gouvernement dans son offensive contre «les milices d'assaut d'Aube dorée».
La coalition gouvernementale d'Antonis Samaras a été sous le feu des critiques en avril: l'un des plus proches conseillers du Premier ministre avait dû démissionner après la diffusion d'une vidéo tournée en caméra cachée le montrant discutant familièrement avec le porte-parole d'Aube dorée, Ilias Kassidiaris, incarcéré depuis cet été.
Une loi visant à durcir les peines contre les crimes racistes, élaborée depuis plus d'un an et demi, n'a finalement été votée par le Parlement que la semaine dernière en raison des réactions qu'elle avait suscitées au sein du Parti conservateur.