20 Minutes avec AFP
La ville de Ferguson dans le Missouri a connu dimanche sa pire nuit d'émeutes depuis la mort d'un jeune Noir tué le 9 août par un policier dans des circonstances controversées incitant le gouverneur de l'Etat à ordonner le déploiement de militaires.
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Les manifestations, qui avaient commencé dans le calme, ont dégénéré quelques heures avant le couvre-feu dimanche à minuit. Elles «ont été entachées par les actes criminels violents d'un nombre d'individus croissant et organisés, dont de nombreux venaient de l'extérieur de la communauté et de l'Etat», a expliqué le gouverneur Jay Nixon qui a mobilisé les militaires sous ses ordres pour aider la police « à rétablir la paix et l'ordre ».
Au moins deux manifestants blessés par balle
«Des cocktails molotov ont été lancés. Il y a eu des tirs, des pillages, du vandalisme et d'autres actes de violence qui à l'évidence ne paraissent pas avoir été spontanés mais prémédités (...) pour provoquer une réaction », selon le capitaine Ron Johnson, chargé du maintien de l'ordre. Le chef de la police de la route du Missouri avait lui-même été désigné pour relever les policiers de Ferguson et du comté dont les méthodes de maintien de l'ordre ont contribué à accroître les tensions. Au moins deux manifestants ont été blessés par balle, selon le capitaine Johnson.
Michael Brown touché par au moins six balles
Michael Brown, un jeune noir de 18 ans non-armé est mort après avoir essuyé au moins 6 tirs d'un policier blanc le 9 août dernier, drame qui a ravivé le spectre du racisme aux Etats-Unis. Les avocats de la famille ont donné une conférence de presse ce lundi matin. «Nous avons pensé qu'il était important de rendre public le fait qu'il y a eu au moins six tirs et que le policier a neutralisé le jeune homme avec un tir qui l'a atteint au sommet de son crâne, sans sommation. C'est ce qui ressort clairement de cette autopsie », a déclaré Daryl Parks, l'un des avocats de la famille, sur CNN.
Selon Michael M. Baden, le légiste mandaté par la famille interrogé par le Wall Street Journal, le jeune homme a reçu une balle au sommet du crâne, une autre au niveau du front et il a été touché quatre fois sur un bras. Le ministère de la Justice a demandé sa propre autopsie pour tenter de faire la lumière sur les circonstances de la mort du jeune homme. Les versions de la police et de plusieurs témoins divergent. Pour les uns, Michael Brown aurait tenté de se saisir de l'arme de service du policier qui l'a abattu, pour les autres il avait les mains en l'air.
La communauté noire déplore la lenteur de l’enquête
A la place des parents trop émus pour parler, leur avocat, Benjamin Crump, a résumé les principaux griefs de la communauté noire: la lenteur de l'enquête et la communication confuse de la police donnant l'impression d'accuser la victime. « On va regarder de près l'autopsie, le rapport balistique pour voir la trajectoire des balles, on saura qu'il s'est agi d'une exécution », a indiqué l'avocat. « Tous les témoins ont dit qu'il (Michael Brown) avait les mains en l'air et que la police a continué à tirer ».
La police locale avait diffusé vendredi --en même temps que le nom du policier incriminé-- une vidéo montrant un jeune homme à la haute stature, présenté comme Michael Brown, qui volait des cigares vingt minutes avant d'être abattu. La diffusion simultanée de la vidéo et de l'identité du policer avait été largement interprété comme une manoeuvre de la police locale pour se dédouaner et a réveillé les tensions qui s'étaient un peu apaisées.