Irak: les forces kurdes, aidées par les frappes américaines, reprennent deux villes
•Les forces kurdes ont repris dimanche deux villes du nord de ...© 2014 AFP
Les forces kurdes ont repris dimanche deux villes du nord de l'Irak aux jihadistes, aidées dans leur contre-offensive par des frappes aériennes des Etats-Unis, qui larguaient parallèlement des vivres aux milliers de déplacés pris au piège dans des montagnes.
Lors d'un déplacement en Irak visant à superviser la livraison de 18 tonnes d'aide, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a appelé les Irakiens à l'unité pour «mener la bataille contre le terrorisme», promettant le soutien humanitaire mais pas militaire de Paris.
Alors que les forces kurdes ont subi ces derniers jours plusieurs revers face aux insurgés sunnites, menés par les jihadistes de l'Etat islamique (EI), elles ont repris la main dimanche, au troisième jour des frappes aériennes menées par les Etats-Unis.
«Les peshmergas ont libéré Makhmour et Gwer (...) Le soutien aérien américain a aidé», a affirmé un porte-parole des forces kurdes, Halgord Hekmat.
Un responsable régional a confirmé cette information, en faisant état de combats meurtriers.
Makhmour et Gwer, prises il y a quelques jours par des insurgés sunnites, sont situées au sud-ouest de la capitale du Kurdistan irakien, Erbil, vers laquelle ils avancent depuis début août.
Les Etats-Unis, qui se sont retirés d'Irak il y a près de trois ans, ont commencé vendredi à mener des frappes contre les positions des insurgés. Dimanche, les forces américaines ont poursuivi leurs attaques, affirmant avoir mené «avec succès de multiples frappes aériennes, tant avec des avions qu'avec des drones, pour défendre les forces kurdes près d'Erbil, où des personnels et des citoyens américains sont stationnés».
L'avancée de l'EI a poussé plus de 200.000 personnes sur les routes avec notamment la prise de Qaradosh, plus grande ville chrétienne d'Irak située entre Mossoul et Erbil, et de Sinjar, bastion des Yazidis, une minorité kurdophone non-musulmane, à l'ouest de Mossoul.
Nombre de Yazidis sont piégés dans les arides montagnes environnantes, menacés autant par la faim et la soif que par les jihadistes.
- 'Crimes contre l'humanité' -
Les Etats-Unis ont aussi largué de nouvelles cargaisons de vivres --52.000 repas au total depuis jeudi soir-- et des conteneurs d'eau à destination des «milliers de citoyens» menacés sur les monts Sinjar, selon le Pentagone. Le Royaume-Uni a également commencé dimanche à larguer de l'aide.
L'Union européenne a dénoncé des «crimes contre l'humanité» dans les zones où progressent les jihadistes, évoquant des «persécutions et des violations des droits humains fondamentaux».
Selon des responsables yazidis et des témoins, des dizaines d'hommes de la communauté ont été exécutés par les jihadistes quand ils ont attaqué Sinjar et des dizaines d'autres personnes sont mortes de déshydratation ou par manque de médicaments dans les montagnes où elles se sont réfugiées.
Il y a également des craintes sur le sort de femmes yazidies qui auraient été enlevées et réduites à l'état d'esclaves par des insurgés, mais ces informations n'ont pas pu être vérifiées par l'AFP.
Au Vatican, le pape s'est dit «effaré et incrédule» face aux informations relatant les «violences de tout type» en Irak, et a appelé à «une solution politique efficace au niveau international et local» pour les stopper.
Une députée yazidie, Vian Dakhil, avait assuré samedi qu'il ne restait plus qu'«un ou deux jours pour aider (les déplacés dans les monts Sinjar). Après, ils vont commencer à mourir en masse».
Dimanche, cette parlementaire et d'autres responsables ont indiqué qu'entre 15.000 et 30.000 d'entre eux étaient parvenus à fuir les monts Sinjar, avec l'aide des forces kurdes, et avaient trouvé refuge au Kurdistan irakien, après être passés par la Syrie.
Mais selon Mme Dakhil il en reste «des milliers dans la montagne» et «le passage n'est pas sûr à 100%».
Les forces kurdes en Irak, Syrie et Turquie travaillent ensemble pour briser le siège autour des monts Sinjar et secourir les déplacés.
- Appels à un gouvernement d'union -
Le président américain Barack Obama s'est dit confiant samedi «dans le fait que nous pourrons empêcher l'Etat islamique d'aller dans les montagnes et de massacrer les gens qui se sont réfugiés là-bas».
Le ministre français des Affaires étrangères s'est rendu de son côté dimanche à Badgad avant de gagner Erbil (Kurdistan irakien) pour superviser la première livraison d’aide humanitaire française aux déplacés de Sinjar.
Dans la capitale irakienne, il a appelé à la mise en place d'un gouvernement d'union: «Il faut que tous les Irakiens se sentent représentés et puissent ensemble mener la bataille contre le terrorisme».
La veille, le président américain avait également de nouveau appelé à la formation d'un gouvernement d'union pour faire face aux insurgés sunnites, alors que les institutions politiques irakiennes sont quasiment paralysées par de profondes divisions.
La coalition du Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, a remporté les élections législatives du 30 avril et ce dernier vise un 3e mandat. Mais il est vivement critiqué pour son autoritarisme et son choix de marginaliser la minorité sunnite.