Mondial: à J-1, le Brésil à «bras ouverts» tel le Christ de Rio

Mondial: à J-1, le Brésil à «bras ouverts» tel le Christ de Rio

Le Mondial ouvre jeudi au Brésil, où les organisateurs espérent que cette fête planétaire du football aux préparatifs troublés ne sera pas ternie par grèves et manifestations, en marge d'un Congrès de la Fifa plombé par le "Qatargate".
© 2014 AFP

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Le Mondial ouvre jeudi au Brésil, où les organisateurs espérent que cette fête planétaire du football aux préparatifs troublés ne sera pas ternie par grèves et manifestations, en marge d'un Congrès de la Fifa plombé par le «Qatargate».


Les yeux du monde entier sont braqués sur le Brésil, où la Seleçao, cinq fois championne du monde, ouvrira le bal jeudi à Sao Paulo contre la Croatie, devant 61.000 spectateurs et 11 chefs d'Etat.

Les employés du métro de Sao Paulo se réunissent dans l'après-midi pour décider s'ils reprennent ou non leur grève qui a provoqué des embouteillages monstres de la semaine dernière dans la mégapole de 20 millions. Ils exigent la réintégration de leur 42 collègues licenciés pendant le conflit.

A Natal (nord-est), l'une des 12 villes hôtes, ce sont les chauffeurs de bus, unique moyen de transport de la ville, qui ont décidé d'entrer en grève dès jeudi. Ils se sont toutefois engagés à assurer un service minimum de 30%. Natal doit notamment accueillir les matches Mexique-Cameroun vendredi, et Ghana-USA lundi, auquel assistera le vice-président américain Joe Biden.

- «Controverses» -

Le président de la Fifa Joseph Blatter a admis mercredi au Congrès de son organisation que le foot était «devenu» une entreprise dont le poids financier générait des «controverses», alors que plane toujours l'ombre du «Qatargate».

Blatter, qui ne cache plus son souhait d'un 5e mandat à 78 ans, n'a pas saisi l'occasion , pour évoquer son avenir, alors que l'élection présidentielle de la Fifa se déroulera dans moins d'un an, le 29 mai 2015 à Zurich.

«Le foot n'est pas seulement un jeu, c'est devenu, qu'on le veuille ou non, une entreprise qui pèse plusieurs milliards de dollars et génère parfois des controverses et des situations compliquées», a-t-il déclaré, sans évoquer directement les accusations de corruption autour de l'attribution du Mondial-2022 au Qatar.

«Je dois reconnaître, dans ces temps importants pour le football et pour la Fifa, que le monde change, le jeu change, et le jeu de notre organisation doit changer», a-t-il admis.

Des sponsors de la Fifa comme Visa, Hyundai, Coca Cola, Adidas, Budweiser ou Sony, ont sommé en début de semaine à l'organisation d'agir pour mettre fin au «Qatargate».

Grèves et manifestations se sont succédé depuis la fronde sociale historique de juin 2013 contre les 11 milliards de dollars engloutis dans l'organisation chaotique du Mondial et pour exiger des transports, hôpitaux et écoles décents «aux normes Fifa».

La menace persiste même si elle semble désormais limitée. La radicalisation des manifestations et les violences policières ont découragé la majorité des Brésiliens d'exprimer leur mécontentement dans la rue.

Les anti-Mondial -nébuleuse d'organisations sociales, militants d'extrême gauche et anarchistes «Black bloc» violents- veulent en découdre.

Et leur front se fissure. Le Mouvement des travailleurs sans-toit (MTST) s'est engagé mardi à ne pas manifester pendant le Mondial, après avoir négocié avec le gouvernement la construction de maisons. «Le mouvement n'est pas contre la Coupe et nous n'avons pas la moindre intention de gêner», a commenté pour l'AFP une porte-parole du MTST.

- «Prêt sur et hors les terrains» -

C'est dans ce contexte que la présidente Dilma Rousseff a souhaité mardi soir la bienvenue aux 600.000 supporteurs étrangers qui affluent au quatre coins de ce pays continent de 200 millions d'habitants.

«Amis du monde entier, venez en paix! Le Brésil, comme le Christ Rédempteur, a les bras ouverts pour vous accueillir tous», a-t-elle lancé dans une allocation radio-télévisée.

Dilma Rousseff a surtout défendu bec et ongles l'organisation et l'intérêt du Mondial pour des Brésiliens dans l'ensemble peu convaincus.

Elle a assuré que le pays était «prêt, sur et hors des terrains», à accueillir le plus grand événement sportif planétaire avec les JO.

«Nous avons construit, amélioré des aéroports, des ports, des avenues, des ponts, des voies d'accès, des lignes de transport rapides et nous l'avons fait en premier lieu pour les Brésiliens», a ajouté Mme Rousseff qui briguera un second mandat en octobre.

L'imminence du coup d'envoi noue déjà les estomacs des stars milliardaires du foot. «Le plus fastidieux, c'est un ou deux jours avant. On va dormir en pensant au match, on va manger en pensant à shooter dans le ballon», a confié mardi l'avant-centre brésilien Fred.

- Mundial do Brasil! -

Pour tuer l'attente, les fans brésiliens font leurs dernières emplettes aux étals de Sao Paulo, mégapole trépidante de 20 millions d'habitants où des embouteillages monstres coagulent au ras d'un dédale infini de gratte-ciel.

Ici le drapeau brésilien se vend 10 réais (3 euros), le maillot de la sélection -de contrefaçon bien sûr!- pour 15 euros. Il y a aussi les lunettes fantaisie jaunes et vertes, les perruques, chapeaux et casquettes du même acabit.

Mais l'ambiance est globalement plutôt terne, à Sao Paulo comme dans tout le Brésil.

Quelque 53% des Brésiliens sont convaincus que le Mondial leur apportera plus de problèmes que d'avantages. Même s'ils sont 68% à s'opposer aux manifestations jusqu'au 13 juillet.

En attendant, sur le terrain sportif, le Brésil n'attend plus que le Ghana et le Portugal pour siffler le coup d'envoi du «Mundial do Brasil».

Dans la soirée, le Christ Rédempteur qui veille sur la magnifique baie de Rio de Janeiro s'illuminera alternativement aux couleurs des 32 équipes engagées dans la Coupe du monde pendant une demi-heure.

Puis il se figera pour le reste de la nuit en vert et jaune, les couleurs du pays de la Mecque mondiale du football et du roi Pelé.

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