VIDEO. Juan Carlos Ier: Du symbole de l'après-franquisme aux scandales du fin de règne
PORTRAIT•Le roi d'Espagne a annoncé ce lundi qu'il allait abdiquer...20 Minutes avec AFP
Grande figure de la démocratie espagnole, longtemps très aimé pour avoir aidé son pays à tourner la page de la dictature franquiste, le roi Juan Carlos a vu sa popularité sombrer sous les scandales qui ont entaché ses dernières années de règne, jusqu'à l'annonce lundi de son abdication.
Figure unificatrice
Pendant des années, les manières simples et naturelles de ce chef d'Etat réputé proche de son peuple, lui ont valu l'affection des Espagnols. Le menait discrètement sa vie privée, est passionné de sport, notamment de voile et de ski.
L'histoire d'amour commence le 23 février 1981. Le jeune roi en uniforme militaire ordonnait, dans un message télévisé resté gravé dans les mémoires, aux officiers putschistes de la Garde civile qui occupaient alors le Parlement de rentrer dans leurs casernes.
En déjouant cette tentative de coup d'Etat menée par le lieutenant-colonel Antonio Tejero, celui que le dictateur Francisco Franco avait, dès 1969, désigné comme son dauphin, s'imposait ce jour-là, avec éclat, comme le héros de la transition démocratique.
Couronné le 22 novembre 1975, à 37 ans, deux jours après la mort de Franco, il aura accompagné le destin d'une Espagne sortie de la dictature pour rejoindre le cercle des grandes démocraties européennes.
«Il a été une figure unificatrice, celui qui, du fond du coeur, se recueille dans la chapelle ardente de Santiago Carrillo (le leader communiste historique décédé le 18 septembre 2012) et celui qui, du fond du coeur, accueille le pape», se souvient Fermin Urbiola, auteur de plusieurs livres sur le roi.
Scandales retentissants
Mais ces dernières années, l'image d'un roi vieillissant, malmené par les scandales, n'aura pas résisté aux retombées de la crise économique qui, depuis 2008, a porté un coup d'arrêt aux années de prospérité et déclenché une profonde crise de confiance envers les institutions.
«Le pacte du silence qui régnait autour de la royauté n'existe plus», analysait au printemps 2012 Antonio Torres del Moral, expert de la monarchie espagnole. En cause, l'accumulation de déboires survenus au sein de la famille royale.
Du mariage controversé du prince héritier Felipe, en 2004 avec Letizia Ortiz, roturière, journaliste et divorcée, à la séparation sonnante, en 2007, de sa fille aînée Elena avec son époux, Jaime de Marichalar, ses enfants sont d'abord apparus de plus en plus régulièrement dans la presse.
Mais l'épisode le plus grave est de loin le scandale de corruption dans lequel est soupçonné depuis 2011 le gendre de Juan Carlos, Iñaki Urdangarin. Son épouse, l'infante Cristina, seconde fille du roi et de la reine Sofia, a été elle aussi mise en examen par la justice.
Des ennuis de santé à répétition, depuis une opération d'une tumeur bénigne au poumon en mai 2010, ont aussi terni son image de souverain fringant à l'humour facile, et placé les Espagnols face à l'horizon chaque jour plus proche du passage de pouvoir à Felipe.