Grande-Bretagne: poussée locale du parti populiste et europhobe Ukip
Le parti populiste et europhobe britannique Ukip a réalisé ...© 2014 AFP
Le parti populiste et europhobe britannique Ukip a réalisé une poussée significative à la faveur d'un scrutin local qui s'est déroulé jeudi en même temps que les européennes, où il espère triompher en devançant les trois partis traditionnels britanniques.
Attendu au tournant après une première percée locale en 2013 et des sondages flatteurs, le parti de Nigel Farage a confirmé son élan en revendiquant une nette progression aux élections municipales partielles en Angleterre et en Irlande du Nord.
Le scrutin ne concernait pas le pays de Galles ni l'Ecosse et ne visait qu'à renouveler un tiers environ des conseillers municipaux. Mais il pourrait donner une indication sur le résultat des européennes, qui se sont tenues également jeudi mais dont on ne connaîtra le verdict que dimanche soir.
Selon les projections nationales en pourcentage et les résultats portant sur 150 des 161 conseils locaux en jeu, l'Ukip emporte 17% des suffrages, soit 157 sièges, un formidable bond par rapport aux deux seuls qu'il détenait jusqu'alors.
Le parti populiste n'est cependant toujours pas en mesure de contrôler une seule ville.
Le parti travailliste, principal parti d'opposition, arrivait en tête avec 31% des suffrages (+292 sièges), devant les conservateurs (au pouvoir), avec 29%, soit une perte de 201 sièges.
Les libéraux-démocrates ont pris une sérieuse déculottée, n'emportant que 13% des voix pour se voir ainsi délestés de 284 sièges, sur les 404 qu'ils détenaient. La formation centriste paie ainsi sa participation à la coalition gouvernementale, aux côtés des conservateurs, largement impopulaire dans l'opinion publique.
Malgré le revers subi par son parti, le Premier ministre britannique David Cameron restait optimiste quant à une victoire aux prochaines élections en 2015.
«Nous devons travailler plus dur et montrer que nous avons les réponses aux sujets qui me frustrent, et qui frustrent aussi les gens, notamment concernant le système des aides sociales et l'immigration», a-t-il déclaré.
«Sans vouloir vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, ça a l'air bien parti», s'est, quant à lui, félicité Nigel Farage, espérant surfer sur cette poussée locale et créer un véritable «séisme» aux européennes pour lesquelles son parti arrive en tête des sondages.
Au-delà du scrutin européen, loin de déclencher les passions, les regards sont déjà rivés au Royaume-Uni sur les élections législatives de 2015.
«Le renard d'Ukip est dans le poulailler de Westminster», a assuré Nigel Farage, goguenard, pour lequel ces résultats locaux signent l'acte de décès du paysage politique «vieux jeu» dominé par les trois partis traditionnels.
Sa formation a empiété en premier lieu sur le territoire des conservateurs du Premier ministre David Cameron, battus dans plusieurs circonscriptions clé. Mais aussi sur celui du parti travailliste, notamment dans le nord, son fief traditionnel. La théorie selon laquelle l'Ukip ne mord que sur l'électorat conservateur a été «démolie», a insisté Nigel Farage.
- «Une bataille à quatre» -
Seul Londres semble avoir résisté à la poussée de l'Ukip.
Plusieurs analystes n'ont, malgré tout, pas hésité à consacrer l’émergence d'une quatrième force politique majeure. «Cette nuit on a très clairement assisté à une bataille à quatre», a souligné le chef de campagne des travaillistes, Douglas Alexander.
On joue désormais «dans la cour des grands», a martelé Nigel Farage qui espère, en 2015, obtenir son premier siège de député à la Chambre des communes.
En attendant, le «United Kingdom Independence Party» (Parti pour l'indépendance du Royaume-Uni) pèse d'un poids de plus en plus lourd dans un pays majoritairement eurosceptique, où les principaux partis, à commencer par les conservateurs, sont soumis à une pression croissante.
David Cameron a ainsi dû s'engager à renégocier les liens de son pays avec l'UE, avant l'organisation d'un référendum sur une éventuelle sortie en 2017. Le Premier ministre a également durci son discours sur l'immigration, le principal cheval de bataille de Nigel Farage.
Disant comprendre vendredi la «colère» des électeurs à ce sujet, le ministre de l'Education, le conservateur Michael Gove, a assuré avoir compris le message. Selon lui, le vote de jeudi donne même «une indication claire au gouvernement sur la direction à suivre».