Urumqi: le marché rouvre sous étroite surveillance après l'attentat

Urumqi: le marché rouvre sous étroite surveillance après l'attentat

Une poignée de vendeurs peu rassurés ont installé leurs échoppes ...
© 2014 AFP

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Une poignée de vendeurs peu rassurés ont installé leurs échoppes tôt vendredi près du périmètre de sécurité établi par la police chinoise à Urumqi, la capitale du Xinjiang, après l'attentat qui a fait 31 morts sur un marché, qualifié de «terroriste» par Pékin et Washington.

La veille, des assaillants ont foncé dans la foule à bord de deux véhicules en jetant des explosifs sur un marché de rue de cette capitale provinciale en proie à des troubles récurrents.

Les autorités ont qualifié l'attentat de dernier «grave incident terroriste» à frapper le Xinjiang, cette région de l'Ouest dont les Ouïghours, musulmans turcophones, constituent la principale ethnie.

Plus de 90 personnes ont aussi été blessées par la charge des deux véhicules tout terrain, dont un a finalement explosé. L'événement évoque l'attentat suicide perpétré place Tiananmen, au coeur de Pékin, en octobre dernier, quand une voiture avec trois Ouïghours à bord avait également foncé dans la foule.

Vendredi matin, la police avait installé une petite barrière sur la route devant le lieu des explosions. Les clients âgés étaient cantonnés aux supérettes qui bordent la chaussée mais ne pouvaient pas accéder aux vendeurs de rue, installés sur le trottoir plus tôt dans la matinée.

- «Pas d'autre solution» -

Une vendeuse de crêpes n'a pas caché qu'elle était inquiète, mais bien obligée de revenir travailler.

«Bien sûr que nous avons peur. Je me souviens encore du bruit des explosions. Mais nous n'avons pas d'autre solution», a déclarée Mme Xie en modelant des petites boules de pâte.

«On a trois bébés à la maison. On ne peut pas laisser les terroristes nous empêcher de gagner l'argent qui permet de s'en occuper», a-t-elle dit.

La Chine a connu une série d'incidents contre des civils ces derniers mois, parfois loin du Xinjiang, que les autorités ont attribués à des séparatistes et des fondamentalistes de cette province riche en ressources naturelles.

Les États-Unis et les Nations unies ont condamné les violences à Urumuqi.

D'après le quotidien chinois Global Times, cinq assaillants sont morts dans l'attaque jeudi, sans qu'on sache s'ils ont été inclus dans le décompte des victimes. La police est à la recherche d'éventuels complices.

Une dizaine de fourgons de police étaient encore garés dans la rue de l'attaque, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Les journalistes étrangers sont maintenus à distance par la police et aucun journaliste chinois n'a été aperçu. Ces derniers doivent souvent suivre à la lettre les rapports des médias officiels chinois sur les sujets sensibles.

Les critiques de Pékin attribuent les tensions dans la région à la politique répressive menée par les autorités contre la minorité ouïghoure, soumise à un stricte contrôle et à une discrimination économique au profit des Han majoritaires, dont l'immigration est encouragée.

Les images obtenues par l'AFP après l'attaque de jeudi montraient des corps gisant sur la route au milieu de mares de sang, de fruits éparpillés ou de débris de vélos.

Certains clients de retour vendredi matin affirmaient qu'ils le faisaient par défi: «Ce n'est pas parce que des gens essaient de nous terroriser que je devrais manger des produits pas frais», a déclaré une vieille dame à l'AFP, un sac d'oignons à la main.

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