Ukraine: En Europe, Joe Biden menace la Russie de nouvelles sanctions
Le vice-président américain Joe Biden a menacé mercredi la ...© 2014 AFP
Le vice-président américain Joe Biden a menacé mercredi la Russie de nouvelles sanctions si elle perturbait l'élection en Ukraine, avant de quitter Bucarest pour Chypre pour des discussions axées sur les négociations de paix dans l'île divisée et la crise ukrainienne.
«Si la Russie sape l'élection en Ukraine nous devons rester déterminés à imposer des coûts supplémentaires», a déclaré M. Biden lors d'une conférence de presse.
«Tous les pays doivent user de leur influence afin d'assurer un climat stable qui permette aux Ukrainiens de voter en toute liberté», a-t-il ajouté.
- Dépôts bancaires russes -
La question de nouvelles sanctions européennes contre Moscou est un sujet hautement sensible à Nicosie, où les dépôts des investisseurs russes dans les banques chypriotes représentent des milliards d'euros.
Le gouvernement de Nicosie a exprimé son hostilité vis-à-vis de sanctions économiques contre la Russie, qui «détruiraient l'économie» du pays en convalescence après une grave crise financière, selon le ministre chypriote des Affaires étrangères Ioannis Kasoulides.
M. Biden a souligné en amont de sa visite que Washington «sait» et «comprend la vulnérabilité de Chypre aux activités économiques russes, et aux pressions russes» et noté que les Chypriotes avaient récemment accepté des sanctions supplémentaires contre Moscou dans le cadre de l'Union européenne.
Des mesures de sécurité renforcées ont été prises pour ce qui n'est que la deuxième visite d'un vice-président américain dans l'île depuis la venue de Lyndon Johnson en 1962, deux ans après l'indépendance de l'ancienne colonie britannique.
L'énergie sera également au menu des discussions, d'importantes réserves de gaz récemment découvertes au large de l'île, attirant l'attention de l'UE qui cherche à réduire sa dépendance au gaz russe.
- Indépendance énergétique -
A Bucarest, le vice-président a insisté sur l'importance pour les pays de la région d'assurer leur indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
«Nous devons nous assurer que la Russie n'utilise plus ses ressources d'énergie comme une arme contre qui que ce soit dans la région», a-t-il indiqué à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre roumain Victor Ponta.
M. Biden rencontrera jeudi le président chypriote-grec Nicos Anastasiades et son homologue chypriote-turc Dervis Eroglu à Nicosie, dernière capitale divisée d'Europe, pour évoquer les négociations menées sous l'égide de l'ONU en vue d'une réunification de l'île divisée.
Il n'a pas été établi si M. Biden rencontrera les deux présidents ensemble ou séparément.
Chypre est coupée en deux depuis l'invasion de la partie nord par la Turquie en juillet 1974, en réaction à un coup d'Etat mené par des nationalistes chypriotes-grecs pour rattacher l'île à la Grèce.
Une première tentative de réunification a échoué en 2004 --les Chypriotes-grecs en ayant refusé les conditions par référendum-- et les pourparlers sous l'égide de l'ONU sont restés infructueux avant d'être interrompus en 2012.
Les discussions directes entre le Nord et le Sud ont repris le 11 février sous l'égide de l'ONU et grâce à l'appui marqué des Etats-Unis.
Des médias chypriotes ont annoncé que M. Biden rencontrerait M. Eroglu dans la partie nord de l'île, en République turque de Chypre du Nord (RTCN, reconnue par la seule Turquie).
Le vice-président va encourager des mesures visant à restaurer la confiance entre les deux parties de l'île, selon l'agence de presse officielle chypriote CNA.
Une de ces mesures serait notamment d'autoriser des experts à se rendre à Varosha, ancien fleuron commercial et touristique de l'est de l'île et actuellement clôturé et sous administration turque.
Le rôle joué par Moscou en Ukraine planera sans nul doute sur ce voyage qui arrive, selon un haut responsable américain, à «un moment compliqué et difficile pour l'Europe».
Les réserves de gaz inexploitées de l'île devraient être un autre point-clé des discussions, l'UE cherchant des alternatives au gaz russe, qui couvre un quart de ses besoins, et dont Moscou se sert comme moyen de pression.
La récente découverte d'importantes réserves de gaz au large de Chypre a redonné espoir pour l’économie de l’île, et accéléré les négociations de paix entre le nord et le sud.
La Turquie voisine représente à la fois un important client potentiel et un point de passage privilégié vers l'Europe - mais impossible sans un accord mettant fin au différend l'opposant à Chypre.