Inondations/Balkans: le déblayage commence, une mine antipersonnel explose en Bosnie
Une mine antipersonnel datant de la guerre emportée par les flots a explosé en Bosnie, illustrant d'un nouveau danger pour les sinistrés dans les Balkans, région qui commençaient à évaluer les dégâts des pires inondations depuis un siècle.© 2014 AFP
Une mine antipersonnel datant de la guerre emportée par les flots a explosé en Bosnie, illustrant d'un nouveau danger pour les sinistrés dans les Balkans, région qui commençaient à évaluer les dégâts des pires inondations depuis un siècle.
"Dans la région de Brcko (nord) les flots ont déplacé un champ de mines antipersonnel et une mine a explosé dans la nuit de mardi à mercredi, sans faire de victimes", a indiqué l'Agence nationale du déminage (BHMAC) dans un communiqué.
Selon des chiffres officiels, depuis la fin de la guerre de 1992-95, plus de 120.000 mines sont encore disséminées sur l'ensemble du territoire, dont plus de 2% de la superficie totale sont toujours infestés d'engins explosifs.
Des mines jalonnent aussi les berges des rivières et des fleuves qui étaient autant de lignes de démarcation entre les deux camps belligérants durant ce conflit intercommunautaire.
Les pluies diluviennes qui se sont abattues ces derniers jours sur la Bosnie et la Serbie voisine ont provoqué des inondations catastrophiques, faisant une cinquantaine de morts.
En Bosnie, dans la région de Prijedor (nord-ouest), où les eaux se sont retirées, les secouristes ont découvert sous la boue dans la cour d'une maison un frigo contenant neuf engins explosifs ainsi qu'un lance-roquette et une boîte en plastique remplie de diverses munitions, a-t-on ajouté de même source.
Sur le front des inondations, de nouvelles crues étaient attendues mercredi.
En Serbie, la mobilisation restait totale pour renforcer les digues dans les villes traversées par la Save, rivière qui se jette dans le Danube à Belgrade.
"On s'attend à des pics ce mercredi, puis encore vendredi. Si cela passe, on pourra affirmer qu'on a protégé Belgrade", a déclaré le maire de la capitale serbe, Sinisa Mali.
La situation était en revanche plus difficile dans le nord-est de la Bosnie voisine, notamment dans les alentours d'Orasje.
"La Save menace toujours. Les dégâts sont tels que cette région ne s'en remettra pas avant dix ans", a déclaré Blaz Zuparic, un responsable de la municipalité d'Orasje.
- Dégâts considérables et situation humanitaire préoccupante -
Plusieurs villages des alentours d'Orasje sont submergés par les eaux, notamment celui de Kopanica, où on ne voit que les toits des maisons, selon des images diffusées par la télévision nationale.
"Seul Dieu peut désormais nous aider à tenir. Mis à part la catastrophe écologique, cette région sera le théâtre d'un second exode en 22 ans"", a dit M. Zuparic, en référence au déplacement de population provoqué par le conflit intercommunautaire en Bosnie.
Dans les villes où l'eau s'est retirée, c'est maintenant une course contre la montre pour nettoyer et désinfecter, afin de prévenir les épidémies.
En Bosnie et en Serbie, les cadavres de dizaines de tonnes de vaches, moutons, porcs et autres animaux noyés sont en décomposition, phénomène qui sera accélérée par une montée des températures, avertissent les experts.
Les conditions climatiques plus clémentes ces derniers jours, avec des températures atteignant plus de 24 degrés, ont permis aux autorités de commencer des travaux de nettoyage et de désinfection des régions touchées.
"Il faut agir promptement pour éviter une catastrophe encore plus grave, celle de maladies infectieuses", a dit le ministre serbe de la Santé.
Les premières estimations sur les dégâts en Serbie font état de pertes qui dépassent de loin les 0,64% du PIB requis par l'Union européenne pour qu'elle débloque des fonds répondant aux besoins humanitaires immédiats du pays.
Le Premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a indiqué que certains experts évaluaient les dégâts à un milliard d'euros.
Le ministre de l'Infrastructure a précisé que 3.500 km de routes en Serbie avaient été dévastés par les inondations.
En Bosnie, on parlait aussi de centaines de millions d'euros de dégâts.
La situation humanitaire restait particulièrement préoccupante.
En Bosnie, un quart des 3,8 millions d'habitants sont concernés par les inondations et restent privés d'eau potable.
Sur plus d'1,6 million de personnes affectés par les intempéries, environ 150.000 ont été évacuées, dont 100.000 en Bosnie, le pire exode dans ce pays depuis la guerre.