Exécution ratée: Les Etats-Unis ne parviennent pas à s'approvisionner en doses létales

Exécution ratée: Les Etats-Unis ne parviennent pas à s'approvisionner en doses létales

MONDE – Mardi soir, un condamné à mort testant un nouveau cocktail a mis 43 minutes avant de succomber…
Vincent Vanthighem

Vincent Vanthighem

Pendant quarante trois minutes, il a poussé des grognements, le corps tremblant, avant de succomber finalement d’une crise cardiaque. L’exécution ratée d’un condamné à mort, mardi soir dans l’état de l’Oklahoma (Etats-Unis) jette, à nouveau, une lumière crue sur les difficultés rencontrées actuellement par les Etats-Unis pour s’approvisionner en produits létaux.

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Condamné à mort en 2000 pour le viol et le meurtre d’une jeune femme qu’il avait enterrée vivante, Clayton Lockett a sombré dans un grand état de souffrance très rapidement après l’injection. Il a mis 43 minutes à succomber d’une «crise cardiaque foudroyante». La faute à un nouveau cocktail létal –jamais testé auparavant– et qui a eu bien du mal, selon les autorités, à «entrer dans le système veineux» du condamné.

«Des camés en manque de doses»

Clayton Lockett n’est pas le premier Américain à connaître une exécution mouvementée. Et pour cause, les Etats-Unis ont bien du mal à s’approvisionner en produits létaux depuis quelques années. «A la fin de l’année 2009, les Etats se sont rendus compte que leurs stocks étaient quasiment périmés, explique à 20 Minutes Raphaël Chenuil-Hazan, directeur de l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM). Le problème, c’est que le laboratoire avait arrêté la production…»

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Ouvert à la mondialisation, les Etats concernés se sont donc tournés vers les laboratoires européens. Mais ils se sont heurtés à une campagne médiatique importante des associations abolitionnistes. «Nous avons réussi à convaincre les principaux laboratoires de boycotter les Etats-Unis, poursuit Raphaël Chenuil-Hazan. Ils se sont donc retrouvés comme des camés en manque de doses…»

«Je sens tout mon corps brûler»

Pour éviter de devoir utiliser davantage la chaise électrique du placard à chaque exécution (lire l’encadré), les Etats-Unis testent depuis de nouveaux cocktails. Constituées à l’origine d’un mélange d’anesthésiant pour abrutir le détenu, de curare pour empêcher les muscles de bouger et de chlorure de potassium pour provoquer un arrêt cardiaque, les injections évoluent en effet au gré des exécutions.

Le 9 janvier, l’Oklahoma a administré une simple dose massive d’anesthésiant à Michaël Lee Wilson. «Je sens tout mon corps brûler», a-t-il eu le temps de dire sur la table avant de succomber. Une dizaine de jours plus tard, c’est un mélange d’antalgiques et d’anesthésiant qui a fait suffoquer Denis McGuire pendant vingt minutes dans l’Ohio avant qu’il ne pousse son dernier soupir.

«Le pire dans cette affaire, c’est que les injections ont été choisies après une réflexion visant à rendre la mort plus propre, déplore Benjamin Chenuil-Hazan. On en est loin.»

La chambre à gaz ou le peloton d'exécution?

Face à la pénurie de produits létaux, certains Etats envisagent des mesures alternatives à l’injection. Un sénateur républicain a ainsi proposé de revenir au peloton d’exécution qui a été utilisé pour la dernière fois en 2010 dans l’Utah. Le Missouri envisage, lui, un recours à la chambre à gaz. La dernière exécution par ce moyen remonte en 1999 dans l’Arizona. Enfin dans l'Etat de Washington, le condamné à mort peut demander à être pendu. En tout, 32 Etats pratiquent aujourd’hui la peine de mort aux Etats-Unis. Il y a eu 38 exécutions en 2013.