MASSACRESGénocide au Rwanda: Politiques et militaires français rejettent les accusations de complicité

Génocide au Rwanda: Politiques et militaires français rejettent les accusations de complicité

MASSACRESEn l'absence de représentant français aux cérémonies marquant le 20e anniversaire du génocide à Kigali...
20 Minutes avec AFP

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«Mensonge », « accusations infondées »: les responsables politiques et militaires français de l'opération Turquoise en 1994 au Rwanda ont vigoureusement défendu lundi l'action de la France, que le président rwandais a accusée d'avoir pris part aux massacres dans ce pays.

En l'absence de représentant français aux cérémonies marquant le 20e anniversaire du génocide à Kigali, Paris s'est associé « au peuple rwandais pour honorer la mémoire de toutes les victimes ». Pour l'Elysée, « le génocide rwandais a été une des pires atrocités de notre temps », « il a été commis alors que le monde savait et n'a pas pu l'empêcher »

Ne pas prendre la France en tenaille

Les protagonistes de 1994 ont entamé de leur côté un tir de barrage après les accusations du président Paul Kagame. Pour Edouard Balladur, dire que la France a participé aux massacres est « un mensonge intéressé ». « Le gouvernement que je dirigeais a, dès qu'il a été installé, mis fin à toute livraison d'armes au Rwanda et retiré les troupes françaises », a poursuivi celui qui fut de 1993 à 1995 Premier ministre de cohabitation sous François Mitterrand. « Il fallait surtout que la France ne soit pas prise en tenaille dans une guerre civile qui se développait et qu'on ne pouvait pas arrêter », a-t-il fait valoir sur Europe 1.

L'opération Turquoise a été lancée le 22 juin 1994, sous mandat de l'ONU, pour protéger les populations du génocide et du conflit entre les forces gouvernementales rwandaises, essentiellement hutues, et la rébellion tutsie de l'époque, le Front patriotique rwandais. Mais les liens que Paris et Kigali entretenaient dans les années précédentes et la coopération militaire entre les deux pays avaient aussitôt attisé les soupçons de partialité en faveur du pouvoir hutu.

«Accusations injustes et infondées»

Une collusion que récuse l'ancien commandant de Turquoise, le général Jean-Claude Lafourcade. « Pendant le génocide, il n'y avait pas un seul soldat français au Rwanda », a-t-il souligné sur RTL, qualifiant d'« injustes et infondées » les accusations du président Kagame. « Nous sommes arrivés deux mois et demi après le début du génocide, donc un peu tard », a-t-il concédé: « Il n'empêche que l'opération Turquoise (...) a permis de protéger des populations, de sauver des vies, une quinzaine de milliers de vies ». Elle a selon lui également permis de maintenir au Rwanda « quatre millions de personnes » qui fuyaient vers le Zaïre voisin devant l'avancée du FPR.

Des accusations de participation au génocide que rejette également le colonel Jacques Hogard, qui commandait le détachement de la Légion étrangère. « L'essentiel de notre travail a été d'agir la nuit pour empêcher les massacres, récupérer des familles menacées (...) Nous y avons passé les deux mois de notre présence, et nous avons fait de notre mieux pour sauver des vies humaines », a-t-il souligné sur France Inter.

Des armes rendues aux miliciens?

A contre-courant, un ancien officier de l'armée de Terre, Guillaume Ancel, a souligné l'orientation clairement hostile au FPR lors des premiers jours de l'opération. Selon lui, la France a ensuite continué à soutenir le gouvernement génocidaire rwandais et son armée en rendant vers la mi-juillet « à ce qui restait des forces armées rwandaises, les dizaines de milliers d'armes » que les Français avaient confisquées dans la zone humanitaire.