DÉCRYPTAGECrise en Ukraine: Un G7 pour quoi faire?

Crise en Ukraine: Un G7 pour quoi faire?

DÉCRYPTAGELes dirigeants des sept grands pays industrialisés se réunissent ce lundi soir à La Haye pour débattre de la situation en Ukraine…
Bérénice Dubuc

Bérénice Dubuc

Un nouveau coup d’épée dans l’eau? Les pays membres du G7 se réunissent ce lundi soir à La Haye, aux Pays-Bas, en marge du sommet sur la sécurité nucléaire (NSS). Après des sanctions ciblées la semaine dernière à l’effet pour le moins relatif, les Etats-Unis et l’Union européenne cherchent une nouvelle fois à punir le régime de Vladimir Poutine après son intervention en Ukraine.

Pourquoi les pays du G7 se réunissent-ils ce lundi?

Cette réunion des dirigeants du G7 et de l’Union européenne à La Haye, aux Pays-Bas, s’est faite à l’initiative du président américain, Barack Obama. Objectif: débattre de la situation en Ukraine et des «prochaines décisions que le G7 pourrait prendre pour répondre à l’évolution de la situation et soutenir l’Ukraine», selon la porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC) américain, Caitlin Hayden.

Pourquoi parle-t-on de G7 et plus de G8?

Le G7 regroupe les grands pays industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), auxquels est associée l’Union européenne. Il s’est élargi en 1998 à la Russie pour former le G8. On parle à nouveau ce lundi de G7 car les membres se réuniront sans la Russie, pour l’heure «suspendue» par les autres membres.

La Russie peut-elle être exclue du G8?

«Le G8 n’est pas une instance formelle au sens juridique, mais plutôt un club», rappelle Yves Boyer, spécialiste géopolitique et directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique. Ses membres sont donc libres de cesser leur partenariat quand ils le souhaitent. «Mais je doute qu’ils prononcent un mot aussi fort que celui d’"exclusion", tempère le spécialiste. Ils pourraient plutôt annoncer un gel des relations avec la Russie et de l’annulation du sommet de Sotchi.»

Cela peut-il avoir un effet sur la crise russo-ukrainienne?

«On va les exclure du G8, et alors? Vont-ils répondre?», s’exclame Yves Boyer. Pour le spécialiste, une telle décision serait une nouvelle «gesticulation verbale» de la part des Occidentaux. «Aujourd’hui, ce qui pourrait avoir plus de poids, ce serait une exclusion d’autres instances comme le G20 par exemple. Mais ce serait beaucoup plus difficile à obtenir, puisqu’au G20, la Chine ou l’Inde siègent, et elles ont d’excellentes relations avec la Russie.»

Quelles décisions peuvent-être prises ce lundi?

Après les sanctions ciblées mises en place la semaine dernière par les Etats-Unis et l’Union européenne contre des proches du président Vladimir Poutine, Barack Obama avait évoqué l’idée de s’en prendre à des «secteurs clés» de l’économie russe. Cependant, l’UE a beaucoup à perdre d’un cycle de représailles avec Moscou, en particulier dans le domaine énergétique. «Je ne vois pas quelles sanctions efficaces pourraient être décidées», commente Yves Boyer. «Dans cette partie d’échecs, où les Russes excellent, les Occidentaux sont réduits à des gesticulations, à de la communication, qui n’ont pas réellement d’impact.»

Selon le spécialiste, qui rappelle que le G7 est une instance où l’on parle plutôt de la dimension économique et financière, «on peut s’attendre à ce que les membres se penchent sur la situation de l’Ukraine», qui connaît une dette et des déficits budgétaires importants, qui plus est plombée par la récente augmentation du prix du gaz russe. «Les Occidentaux doivent trouver des solutions d’urgence pour éviter que l’Ukraine ne s’effondre financièrement et économiquement.»