UKRAINEVIDEO. Ukraine: La tentation d'abandonner la Crimée à Poutine et de rapprocher l'Ukraine de l'Europe

VIDEO. Ukraine: La tentation d'abandonner la Crimée à Poutine et de rapprocher l'Ukraine de l'Europe

UKRAINEL'annexion de la Crimée prend des airs de fait accompli...
Crimée: qui sont les miliciens d'auto-défense ?
20 Minutes avec AFP

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La crise ukrainienne risque de déboucher sur une solution douloureuse que l'Occident ne saurait approuver mais qu'il peut devoir accepter: abandonner la Crimée à Vladimir Poutine pour sauver l'indépendance de l'Ukraine. Ce partage entre les grandes puissances nécessite que le rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée suffise à satisfaire l'ambition du président russe de rester dans l'Histoire comme l'homme fort ayant restauré la puissance de la Russie mise à mal par la chute de l'URSS. Une telle stratégie d'apaisement pourrait valoir des critiques au président américain Barack Obama et déplaire aux anciens pays satellites de l'URSS en Europe de l'Est qui craignent pour leur sécurité.

Aucune grande puissance ne semble en effet prête à affronter la Russie pour défendre la Crimée, région que le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev avait détachée en 1954 de la Russie pour la donner à l'Ukraine, au sein de l'URSS. Dans le même temps, les Occidentaux voudraient voir l'Ukraine échapper à la zone d'influence de Moscou et avoir ainsi un pays ami à la frontière ouest de la Russie.

«rien dans le discours ou l'action de Poutine ne permet de penser qu'il s'arrêtera à la Crimée »

« L'Occident peut décider de se boucher le nez et de regarder ailleurs pour ne pas voir l'occupation (de la Crimée), mais seulement si Poutine reconnaît le gouvernement ukrainien actuel », estime le professeur Alexander Motyl, de l'université Rutgers de Newark, dans le New Jersey. « Il devrait fournir des garanties très explicites à l'Occident », ajoute cet expert de l'Ukraine. « Malheureusement, rien dans le discours ou l'action de Poutine ne permet de penser qu'il s'arrêtera à la Crimée », ajoute-t-il.

James Nixey, un expert de Chatham House à Londres, estime au contraire improbable que le maître du Kremlin veuille aller plus loin. Le président russe « a déjà atteint l'objectif qu'il visait et la Crimée est perdue».



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Un référendum « illégal »

Pour l'heure, l'idée d'un compromis n'est pas du tout l'opinion officielle en Occident. « S'il y a annexion de la Crimée, un référendum qui fait passer la Crimée de l'Ukraine à la Russie, nous ne le reconnaîtrons pas », assure le conseiller adjoint américain à la sécurité nationale Tony Blinken. La chancelière allemande Angela Merkel, habituellement prudente à l'égard de Moscou, a dit fermement à Vladimir Poutine que le référendum du 16 mars sur le rattachement de la Crimée à la Russie était « illégal ». Elle a parlé d'une « annexion », selon un parlementaire de son pays. Les pays baltes, occupés et annexés par l'URSS à l'issue de la Seconde guerre mondiale, sont particulièrement inquiets.

« Punir » les nouveaux dirigeants ukrainiens

Cependant, pour certains analystes,Vladimir Poutine ne cherche qu'à « punir » les nouveaux dirigeants ukrainiens tout en préservant une apparence de relations de travail avec l'Occident.

« Pour la Russie, la perte d'influence sur l'Ukraine est une chose, mais relâcher sa prise sur la Crimée et donc son accès à l'une des deux principales flottes de sa marine est autrement plus important et serait très difficile à avaler », dit Erik Nielsen, du groupe bancaire italien UniCredit. L'analyste pense que si Vladimir Poutine cherche à « punir l'Ukraine en tant que pays pour ses penchants occidentaux », il ne veut pas que « les inévitables tensions avec l'Occident dépassent des niveaux acceptables sur le plan politique et économique ».

Pourquoi Poutine s'arrêterait-il ?

Moscou a offert aux habitants de la Crimée des prestations sociales plus élevées que celles versées par Kiev, ce qui rend fort probable un vote massif en faveur du rattachement de la péninsule à la Russie dimanche prochain. Mais la plupart des analystes pensent que l'Occident ne reconnaîtra jamais ce rattachement, même s'il l'accepte tacitement comme un fait accompli.

Steven Pifer, chercheur à la Brookings Institution de Washington, soutient que l'absence d'une ferme condamnation générale de l'annexion ne fera qu'encourager Vladimir Poutine à intervenir davantage dans les affaires de l'Ukraine et d'autres pays de l'ex-URSS. « Ce serait une erreur, pour l'Occident, d'+accepter+ l'annexion de la Crimée dans l'espoir que Poutine laissera tranquille le reste de l'Ukraine », estime l'ancien ambassadeur américain à Kiev.