Fidel Castro, un demi-siècle de pouvoir absolu
•Le lider maximo détient le record du chef d'Etat resté le plus longtemps au pouvoir au 20e siècleAvec son treillis vert olive et ses discours fleuve, Fidel Castro a survécu à l'hostilité de dix présidents des Etats-Unis, à presque un demi-siècle d'embargo américain, et à des dizaines de tentatives d'assassinats selon les autorités cubaines.
Arrivé à la tête de la révolution cubaine le 1er janvier 1959, Fidel Castro détient un record controversé, celui du chef d'Etat resté le plus longtemps au pouvoir au 20e siècle ; décidant seul le cours de son pays pendant plus de 47 ans.
Deux ans de guérilla
Leader étudiant très actif à la fin des années 40, ce fils d'immigré espagnol se lance en politique avec un projet nationaliste, avant de se revendiquer communiste. Quand il arrive au pouvoir, après deux ans de guérilla, il rompt tous les liens avec les Etats-Unis voisins et se rapproche de l'Union soviétique. Un rapprochement stratégique en pleine guerre froide, qui mènera le monde au bord de l'affrontement nucléaire, lors de la crise des missiles d'octobre 1962.
Trois décennies durant, le Lider Maximo dirige son île dans l'orbite de l'Union soviétique. Une alliance largement subventionnée, qui lui permet de mettre en place de profondes réformes sociales à Cuba, insistant sur l'éducation et la santé pour tous, mais au prix d'un étouffement de la liberté d'expression dans l'île.
Chute du grand frère russe
A la chute de l'URSS, au début des années 90, Cuba, privé de soutien politique et économique, sombre dans une crise économique sans précédent. Beaucoup pensent alors venue la fin politique de Castro.
Pourtant Cuba survit à la chute du grand frère russe, sans changement politique majeur, et Fidel Castro reste au pouvoir. Un pouvoir absolu : non seulement son nom était inscrit dans la Constitution cubaine, mais il cumulait les fonctions de président du Conseil d'Etat, président du conseil des ministres, premier secrétaire du parti communiste -le parti unique- et commandant en chef de l'armée.
Toute critique face à l'hypercentralisation économique, toute opposition au parti unique étaient réprimées sur l'île, au nom de l'unité nationale face à l'hostilité américaine. Seule soupape pour les Cubains en désaccord avec le régime : l'exil. A côté des onze millions de Cubains de l'intérieur, on estime qu'un million et demi de Cubains vivent à l'étranger, principalement aux Etats-Unis.
Ces dernières années, avec l'arrivée au pouvoir en Amérique latine de gouvernements de gauche, Castro était revenu sur le devant de la scène politique régionale. Héraut de l'anti-américanisme, il apparaissait souvent aux côtés du président vénézuélien Hugo Chavez, qu'il considérait comme son héritier idéologique.
A Cuba même, Fidel Castro n'a jamais envisagé d'autre succession que celle de son frère Raul, de cinq ans son cadet, et aucun projet de transition n'a été mis en place en un demi-siècle de castrisme.
A La Havane, Sara Roumette