La fille du roi d'Espagne inculpée pour fraude fiscale et blanchiment
MONDE•L'infante Cristina sera convoquée au tribunal...20 Minutes avec AFP
Un juge espagnol a inculpé ce mardi la fille du roi d'Espagne Juan Carlos, l'infante Cristina, pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux, et l'a convoquée pour le 8 mars, a annoncé le tribunal de Palma de Majorque. C'est la première fois qu'un membre direct de la famille royale est touché par l'enquête pour corruption qui vise Iñaki Urdangarin, l'époux de Cristina, et a porté un coup très dur à l'image de la monarchie.
Un nouveau volet de l'enquête
Le juge José Castro, du tribunal de Palma de Majorque, aux Baléares, qui enquête depuis 2010 sur cette affaire, a passé outre l'opposition du Parquet pour inculper Cristina, âgée de 48 ans, pour «délits fiscaux présumés et blanchiment de capitaux». Il l'a convoquée pour le 8 mars au tribunal de Palma. Cette procédure fait suite à la demande d'inculpation déposée par l'association Manos Limpias, à l'origine un syndicat de fonctionnaires d'extrême droite qui s'est fait connaître pour avoir été à l'origine de procès retentissants, comme celui en 2012 de l'ancien juge Baltasar Garzon.
Au printemps 2012, le juge avait mis en examen une première fois l'infante, à l'époque pour trafic d'influence, mais cette décision avait été annulée suite à un premier recours du Parquet qui avait jugé les indices insuffisants. Le juge, un magistrat réputé intègre et obstiné, a ensuite ouvert un nouveau volet de l'enquête, cherchant à établir si la fille du roi a des liens avec les activités frauduleuses présumées de son époux. Il a minutieusement épluché les déclarations d'impôts et comptes bancaires de l'infante, scrutant ses moindres dépenses pour des voyages, des repas au restaurant ou des fêtes de famille.
La villa barcelonaise mise en vente
Iñaki Urdangarin, un ancien champion olympique de handball reconverti en homme d'affaires, âgé de 45 ans, est soupçonné d'avoir détourné 6,1 millions d'euros d'argent public avec son ancien associé, Diego Torres. Il aurait passé via l'institut Noos, une société à but non lucratif qu'il présidait entre 2004 et 2006, des contrats avec les autorités régionales des Baléares et de Valence pour l'organisation et la promotion de congrès liés au sport. Or Cristina était à cette époque membre du comité de direction de Noos. Elle détient aussi pour moitié, avec son époux, la société Aizoon, soupçonnée d'avoir servi de société écran dans les détournements et sur laquelle le juge a porté son enquête.
Le scandale a éclaté en 2011, lorsque le juge Castro a mis en examen l'époux de Cristina. Ce dernier a alors été mis à l'écart des activités officielles de la Famille royale, qui tente depuis, en vain, de redorer son image. L'infante a elle déménagé en 2013 en Suisse, où elle travaille pour la fondation sociale La Caixa, tandis que son époux vit toujours en Espagne. La luxueuse villa où ils vivaient avec leurs quatre enfants dans le quartier huppé de Pedralbes, à Barcelone, achetée par le couple en 2004, a été mise en vente l'an dernier pour 9,4 millions d'euros et saisie pour moitié par la justice, parmi 16 biens appartenant à Iñaki Urdangarin et Diego Torres.