Nelson Mandela, une vie d’épreuves et de sacrifices

Nelson Mandela, une vie d’épreuves et de sacrifices

AFRIQUE DU SUD – Sa vie familiale, sur fond de lutte contre l’apartheid, a notamment été jalonnée d’événements très douloureux…
Nelson Mandela, le 13 septembre 2011
Nelson Mandela, le 13 septembre 2011 - Adrian Steirn/AP/SIPA
M.Gr. avec AFP

M.Gr. avec AFP

Nelson Mandela a payé son combat au prix fort. En passant vingt-sept ans dans les geôles de l'apartheid, mais aussi en sacrifiant sa vie familiale.

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Une lettre, écrite en 1969, permet de mesurer combien il a souffert de ne pas pouvoir profiter davantage de ses proches. Ecrite depuis sa prison à ses filles Zenani et Zindzi, alors que leur mère Winnie Mandela venait d'être arrêtée, il y déploie des trésors de tendresse et de pédagogie paternelle.

«Epreuves désagréables»

«Vous allez peut-être vous sentir orphelines pendant un moment. (...) Il n'y aura pas de fête d'anniversaire ni de Noël, pas de cadeaux ou de nouvelles robes, pas de chaussures ou de jouets. Le temps est fini où, après un bain chaud le soir, vous pourrez vous réjouir de souper avec votre maman», écrit-il aux deux fillettes alors âgées de 10 et 9 ans.

«Quand vous serez adultes et que vous repenserez aux épreuves désagréables traversées par votre maman, (...) vous commencerez à réaliser l'importance de sa contribution à la lutte pour la liberté et la justice», ajoute-t-il.

Avant qu'il ne devienne le fer de lance de la lutte contre le régime ségrégationniste, Mandela avait été marié une première fois à Evelyn Mase. Mais le couple, qui aura quatre enfants -dont la petite Makaziwe, morte en 1948 à l'âge de neuf mois- ne résistera pas et divorce en 1958.

Privé de funérailles

La même année, il épouse Winnie Madikizela. Mais ils sont rapidement séparés par les activités politiques de Nelson Mandela. Entré dans la clandestinité, il est condamné à la prison à perpétuité en 1964. Il a alors 45 ans.

C'est sur l'île-bagne de Robben Island, au large du Cap, qu’il apprit en 1969 le décès dans un accident de voiture de son fils aîné, Madiba Thembikile, qu'il aimait emmener à la boxe vingt ans plus tôt. Le régime raciste lui interdit de se rendre aux funérailles, après l'avoir déjà empêché un an plus tôt d'assister à l'enterrement de sa mère, un coup particulièrement dur.

«Même en rêve, je n'avais pas imaginé que je ne pourrais pas enterrer maman. Au contraire, j'avais l'espoir que je pourrais avoir le privilège de l'entourer dans son vieil âge, et d’être à ses côtés à l'heure fatale», écrit-il dans Conversation avec moi-même, un recueil de textes autographes.

Sentiment de culpabilité

Mandela en a ressenti un profond sentiment de culpabilité. «Ai-je fait le bon choix en faisant passer le bien-être général avant celui de ma propre famille?» s'interrogeait-il dans son autobiographie, Un long chemin vers la liberté. «Etre le père de la nation est un grand honneur, mais être le père d'une famille est une joie plus grande. C'est une joie que j'ai trop peu connue.»

Les années de détention portèrent également un coup fatal à sa relation avec Winnie. Deux ans après sa libération le 11 février 1990, ils se séparent. Le divorce est prononcé en 1996. Entre-temps, Nelson Mandela devenu le premier président noir d'Afrique du Sud épousa Samora Machel en 1998, le jour de ses 80 ans.

SIDA et accident de voiture

Leur couple affichait sa complicité et, à la fin de son mandat en 1999, Nelson Mandela affirme vouloir profiter enfin de sa famille. En 2005, il dut toutefois affronter le décès d'un autre de ses fils, Makgatho Lewanika Mandela, mort du sida. Et il eut cinq ans plus tard la douleur de perdre une arrière-petite-fille de 13 ans, Zenani, dans un accident de voiture à Johannesburg juste avant le Mondial de football.

Il lui restait trois filles, 17 petits-enfants et 12 arrière-petits-enfants. Une famille qui a commencé à commercialiser son image et à se déchirer pour son héritage avant même sa mort. Deux de ses filles ont attaqué en justice certains de ses plus proches amis pour prendre le contrôle d'un fonds gérant une partie de ses biens, avant de retirer leur plainte.

Et peu avant sa mort, ses descendants se sont disputés en direct à la télévision, à propos d'une sombre histoire de dépouilles familiales -celles de ses trois enfants morts- déplacées par son petit-fils Mandla contre l'avis du reste de la famille.