Malala Yousafzaï presse l'Europe d'agir pour le droit des enfants à l'éducation

Malala Yousafzaï presse l'Europe d'agir pour le droit des enfants à l'éducation

L'adolescente pakistanaise Malala Yousafzaï, cible des talibans ...
© 2013 AFP

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L'adolescente pakistanaise Malala Yousafzaï, cible des talibans pour sa lutte contre l'extrémisme religieux, a appelé l'Europe à redoubler d'efforts pour l'accès des enfants à l'éducation, en recevant le prix Sakharov pour les droits de l'Homme, mercredi à Strasbourg.


«57 millions d'enfants attendent notre aide, ces enfants n'ont pas besoin d'un iPad ou d'une tablette, ils ont besoin d'un livre et d'un stylo», a lancé la jeune fille de 16 ans, saluée par les eurodéputés par une longue ovation debout.

Elle a lancé «un appel aux pays d'Europe pour qu'ils viennent en aide aux pays d'Asie, à mon pays le Pakistan, en matière d'éducation et de développement».

Souriante, sous un voile orange, elle a entamé son discours par une plaisanterie sur sa petite taille et une invocation «au nom de Dieu le miséricordieux», avant une citation de Voltaire en faveur de la tolérance.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a estimé qu'elle avait «donné de l'espoir à des millions de gens», alors que «ce sont aujourd'hui plus de 125 millions d'enfants et adolescents qui sont privés d'école dans le monde, dont trois quart sont des filles».

«Comptez sur nous pour que l'UE respecte ses engagements mondiaux en matière d'accès universel à l'éducation», a-t-il affirmé, voyant une «occasion historique» dans la «coïncidence» entre la venue de Malala et la célébration de la Journée internationale des droits de l'enfant.

«Immense courage»

«Le Parlement rend hommage à l'immense courage d'une héroïne, d'une survivante, d'une enfant, qui, à 15 ans, a défié le fanatisme au nom de son droit à aller à l'école», a-t-il souligné.

Pour avoir dénoncé sur un blog la férule imposée par les talibans de 2007 à 2009 dans sa région de la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan, et défendu le droit des filles à aller à l'école, Malala Yousafzaï avait été prise pour cible par un homme armé le 9 octobre 2012 alors qu'elle se trouvait dans un bus scolaire.

Ayant échappé de peu à la mort, sa combativité lui a valu de devenir une icône internationale comblée d'honneurs et de distinctions.

Elle a, tout au long de ses épreuves, été soutenue par son père, qui l'accompagnait au Parlement européen et dont elle a salué le rôle dans sa récente autobiographie «Moi Malala: je lutte pour l'éducation et je résiste aux talibans».

M. Schulz a rendu hommage à cet instituteur, pour sa «conviction profonde que filles et garçons sont égaux, qu'ils ont le même droit à l'éducation».

Nominée en octobre à l'unanimité des présidents des groupes du Parlement européen, la jeune fille a été préférée à l'Américain Edward Snowden, auteur des révélations sur la surveillance électronique mondiale effectuée par les Etats-Unis, et à des opposants bélarusses emprisonnés.

Les talibans pakistanais ont réagi à cette distinction, en relançant des menaces de mort à son encontre, alors que le mollah Fazlullah, soupçonné d'avoir commandité l'attaque contre elle, dirige depuis octobre la rébellion islamiste au Pakistan.

Installée avec sa famille à Birmingham, à sa sortie de l'hôpital britannique où elle avait été sauvée, la jeune fille affirme vouloir revenir plus tard au Pakistan pour entrer en politique, malgré les risques d'un tel engagement.

Benjamine des lauréats Sakharov, elle a été accueillie dans l'hémicycle par 22 de ses prédécesseurs, venus à Strasbourg commémorer les 25 ans de cette distinction.

Doté de 50.000 euros, le prix récompense chaque année un défenseur des droits de l'Homme et de la démocratie. Son premier lauréat, en 1988, fut Nelson Mandela, alors emprisonné en Afrique du Sud. L'an dernier, il avait été décerné aux opposants iraniens Jafar Panahi et Nasrin Sotoudeh.

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