Iran: La France accusée d’avoir fait échouer un accord sur le nucléaire
MONDE – Les pourparlers sur le nucléaire iranien menés ce week-end à Genève n’ont pas abouti à l’accord historique que les négociateurs espéraient. A qui la faute?F.V.
«La France a ruiné son image à Genève», «la France est la grande perdante des négociations de Genève », «M. Fabius, les Iraniens ne vont pas oublier votre animosité. Apparemment, vous êtes devenu la marionnette d'Israël et de l'Arabie saoudite et vous avez satisfait les extrémistes iraniens». Ce lundi, la presse iranienne était unanime pour condamner la France et son ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, accusé d'avoir saboté les négociations sur le nucléaire à Genève ce week-end par son intransigeance.
Pendant trois jours, l’Iran et six puissances mondiales (Etats-Unis, Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne, le «groupe des 5+1») avaient mené à Genève d’intenses négociations. La réunion était portée par de grands espoirs, afin de capitaliser sur la politique d'ouverture vers l’Occident et les Etats-Unis amorcée depuis son élection en juin par le président ianien Hassan Rohani. Ce dernier espère mettre rapidement fin à dix ans de tension sur ce dossier nucléaire, avec l’objectif d'alléger puis d'obtenir la levée des sanctions qui étouffent l'économie de son pays.
Mais les négociations ont buté les deux derniers jours sur les exigences de clarification émanant de certains participants, notamment les Français. Ces derniers ont en effet dénoncé plusieurs fois publiquement les points de blocage et le manque de garanties dans un accord temporaire de six mois, première étape «vérifiable» vers un accord permanent.
L’espoir d’un accord demeure malgré tout
La France a-t-elle vraiment «saboté » cet accord, comme l’accusent les Iraniens? Pas si sûr. Lundi, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a déclaré que c’était l’Iran qui était responsable de l’absence d’un accord. «Le groupe des 5+1 était unifié samedi lorsque nous avons présenté notre proposition aux Iraniens, (...) mais l’Iran ne pouvait l'accepter, à ce moment particulier, ils n'étaient pas en mesure d'accepter», a-t-il affirmé.
Les négociateurs restent toutefois optimistes sur la possibilité d’un accord à venir. Car, malgré l’échec des négociations à Genève, les récents progrès dans les pourparlers révèlent un changement radical d'attitude de Téhéran après l'élection du modéré Hassan Rohani, passant de la confrontation au dialogue constructif. Le contraste est saisissant avec les dix réunions entre les différentes parties depuis la relance de ce programme en 2005, marquées par la confrontation et une inflexibilité des négociateurs iraniens.
«Une nouvelle ère a commencé avec le nouveau gouvernement et la nouvelle équipe de négociateurs», a assuré lundi dans le quotidien Hamshari le chef des négociateurs face aux grandes puissances, Abbas Araghchi, rappelant «l'héritage de 10 années de confrontation» avec les Occidentaux sur le sujet. Première avancée sensible: Téhéran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ont convenu lundi d'une feuille de route sur des vérifications d'activités nucléaires iraniennes. Mais l’Occident maintient la pression pour obtenir un accord plus large. Les négociations menées à Genève doivent reprendre le 20 novembre, avec l’espoir que, cette fois, elles aboutissent.