MONDELes Palestiniens accusent Israël d'avoir assassiné Yasser Arafat

Les Palestiniens accusent Israël d'avoir assassiné Yasser Arafat

MONDEAlors que les analyses des échantillons prélevés sur la dépouille de Yasser Arafat soutiennent l'hypothèse d'un empoisonnement au polonium...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Les dirigeants palestiniens, sous pression pour agir après la diffusion d'analyses médicales confortant la thèse d'un empoisonnement de leur chef historique Yasser Arafat, ont désigné ce vendredi Israël comme «l'unique suspect de son assassinat». Ils ont en outre sommé la France, dont la Justice a fait analyser des échantillons biologiques du chef historique palestinien, de leur en transmettre les résultats, comme viennent de le faire l'Agence fédérale russe d'analyses biologiques et un laboratoire suisse.

«Israël est le premier, le principal et unique suspect dans l'affaire de l'assassinat de Yasser Arafat», a affirmé le président de la commission d'enquête officielle palestinienne sur la mort d'Arafat, Tawfiq Tiraoui, lors d'une conférence de presse à Ramallah, en Cisjordanie.

Les rapports suisse et russe sur les échantillons de la dépouille établissent que Yasser Arafat n'est mort «ni de vieillesse, ni de maladie, mais par empoisonnement», a indiqué le Dr Abdallah al-Bachir, chef de l'équipe médicale de la commission. Les analyses montrent la présence de quantités anormales de polonium-210 mais ne permettent pas d'en déduire irréfutablement qu'il s'agit de la cause de la mort, a-t-il souligné. «Nos résultats soutiennent raisonnablement la thèse de l'empoisonnement», a résumé jeudi le Dr François Bochud, directeur de l'Institut de radiophysique appliquée de Lausanne, un des auteurs du rapport suisse.

L'analyse française pas communiquée

L'expertise russe est plus prudente, concluant à l'impossibilité de déterminer si le polonium est la cause de la mort, sans privilégier d'hypothèse, a ajouté le Dr Bachir. En revanche, l'analyse française des échantillons, prélevés par une équipe agissant dans le cadre d'une information judiciaire pour assassinat ouverte en 2012 en France à la suite d'une plainte déposée par la veuve, Souha Arafat, n'a pas été communiquée. «Nous avons envoyé une nouvelle lettre aux Français demandant d'accélérer l'envoi des résultats et nous attendons toujours», a déclaré le ministre palestinien de la Justice Ali Mhanna.

Le ministère français des Affaires étrangères a expliqué que «l'autorité judiciaire avait la maîtrise de cette enquête», soulignant: «C'est elle qui décide de la transmission des pièces, et pas l'autorité politique». De son côté, le procureur de la République de Nanterre, Robert Gelli, a indiqué à l'AFP que la Justice n'avait pas encore reçu ces expertises. «La France connaît toute la vérité et les détails sur le martyre de Yasser Arafat», a insisté Tawfiq Tiraoui, expliquant tirer sa conviction de l'implication d'Israël du caractère sophistiqué du polonium et des déclarations des dirigeants israéliens de l'époque souhaitant ouvertement la disparition d'Arafat.

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères Yigal Palmor a de nouveau démenti «des accusations sans fondement et sans la moindre preuve». «Israël n'a pas tué Arafat, point final», a-t-il déclaré à l'AFP.

Un moment délicat pour le président palestinien

Les causes de la mort de Yasser Arafat le 11 novembre 2004 dans un hôpital militaire français n'ont pas été élucidées, et nombre de Palestiniens soupçonnent Israël, qui a toujours nié, de l'avoir empoisonné. Le Premier ministre israélien de l'époque «Ariel Sharon avait ordonné de tout faire pour éviter qu'Arafat -encerclé par l'armée israélienne à Ramallah jusqu'à son évacuation vers la France- soit tué par nos soldats», a assuré jeudi à l'AFP Raanan Gissin, ancien porte-parole et conseiller d'Ariel Sharon.

Dans des interviews télévisées, Souha Arafat a estimé que le polonium avait sans doute été administré à son mari par un membre de son entourage.

La publication des résultats tombe à un moment délicat pour le président palestinien Mahmoud Abbas, engagé dans de difficiles négociations de paix avec Israël, pendant lesquelles il a accepté de suspendre toute démarche auprès des organisations internationales, y compris les instances judiciaires.

Lors de l'ouverture de la tombe d'Arafat, Tawfiq Tiraoui avait annoncé que si les résultats confirmaient la thèse de l'empoisonnement, les dirigeants palestiniens saisiraient la Cour pénale internationale (CPI), un recours qui paraît compromis dans l'immédiat. Interrogé sur les suites judiciaires de ses déclarations, le président de la commission d'enquête a répondu qu'une telle initiative revenait à la direction palestinienne.

Une soixantaine d'échantillons biologiques avaient été prélevés le 27 novembre 2012 dans la tombe de Yasser Arafat à Ramallah, puis répartis pour analyse entre les trois équipes, suisse, française et russe.