Corée du Nord: Tokyo interpelle l'ONU sur le sort des kidnappés
•Une mission des Nations unies sur les droits de l'Homme en Corée du Nord était mercredi au Japon, qui veut attirer l'attention sur ses ressortissants enlevés il y a plusieurs décennies par Pyongyang.© 2013 AFP
Une mission des Nations unies sur les droits de l'Homme en Corée du Nord était mercredi au Japon, qui veut attirer l'attention sur ses ressortissants enlevés il y a plusieurs décennies par Pyongyang.
La commission d'enquête présidée par le juge australien retraité Michael Kirby a déjà passé cinq jours à Séoul pour collecter des témoignages de transfuges nord-coréens sur les violations des droits de l'homme dans leur pays d'origine.
La commission doit recueillir des informations supplémentaires à Tokyo, en particulier à propos des ressortissants japonais enlevés par la Corée du Nord dans les années 1970-1980.
Le ministre japonais des Affaires étrangères, Fumio Kishida, a rencontré mercredi matin M. Kirby et a souligné que le Premier ministre Shinzo Abe était déterminé à résoudre la question des enlèvements, un sujet sensible dans la population nippone sur lequel le chef du gouvernement de droite a d'ailleurs bâti un pan de sa renommée.
Tout en se disant préoccupé par les manquements «graves et organisé» aux droits de l'Homme dans le Nord, M. Kishida a déclaré que le Japon ne normaliserait pas ses relations diplomatiques avec Pyongyang tant que le problème des enlèvements ne serait pas réglé.
Pyongyang a reconnu en 2002 que ses agents avaient kidnappé plusieurs jeunes Japonais, une opération destinée à former des espions à la langue et aux coutumes nippones.
Après un sommet entre le Premier ministre nippon d'alors, Junichiro Koizumi, et feu le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il, cinq personnes enlevées ont été autorisées à rentrer au Japon avec leurs descendants, mais Tokyo reste sans nouvelles de plusieurs autres prétendus décédés par Pyongyang ou dont l'enlèvement est contesté.
La visite de M. Kirby et des deux autres personnes qui l'accompagnent à Tokyo coïncide avec une escale de l'envoyé spécial américain pour les droits de l'Homme en Corée du Nord, Robert King, en route pour Pyongyang afin d'obtenir la libération d'un Américan d'origine coréenne condamné à 15 ans de travaux forcés.
M. King devait s'entretenir avec le ministre japonais chargé de la question des enlèvements de Japonais plus tard dans la journée.
La commission d'enquête de l'ONU prévoit pour sa part de recueillir des témoignages également en Thaïlande, Grande-Bretagne et Etats-Unis. Le rapport final sera soumis au Conseil des droits de l'Homme en mars prochain et Michael Kirby s'attend à ce que les Nations unies agissent selon les recommandations de la commission.
Pyongyang réfute pour sa part catégoriquement toute accusation d'abus des droits de l'Homme, ne reconnaît pas la commission et lui a interdit de se rendre sur son territoire.
Les travaux de cette équipe ne pourront qu'annuler les progrès récents enregistrés sur le front des relations entre Séoul et Pyongyang, a prévenu l'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA.