Que sont-ils devenus? Mikhaïl Gorbatchev, de la Perestroïka à l’écologie
MONDE•Après avoir tenu le devant de la scène internationale, ils ont (relativement) disparu des radars médiatiques. Cet été, «20 Minutes» vous raconte ce qu’ils sont devenus. Cette semaine, Mikhaïl Gorbatchev...Bérénice Dubuc
Dans les années 1980, lors de son accession au pouvoir en Union Soviétique, Mikhaïl Gorbatchev était le symbole d’une nouvelle génération de dirigeants: c’est lui qui a initié le Glasnost puis la Perestroïka, qui ont vu naître la Russie moderne.
Aujourd’hui âgé de 82 ans, et malgré quelques problèmes de santé, le dernier président de l'URSS est toujours aussi novateur. Après avoir démissionné de son poste de président de l'URSS en décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev se tourne très vite vers l’écologie. En vingt ans, il a écrit Mon manifeste pour la Terre (Éd. du Relié, 2002) et participé à plusieurs documentaires sur le sujet -La Bataille de Tchernobyl en 2006, La 11e heure, produit par Leonardo DiCaprio en 2007, ou encore Nous resterons sur Terre en 2009.
Pour une «perestroïka du développement durable»
Mais son plus remarquable legs en la matière est la Green Cross International, fondée en avril 1993 avec le député suisse Rolan Wiederhehr. Cette ONG écologique calquée sur le modèle de la Croix Rouge a pour objectif d’assurer «un avenir durable pour toutes les populations du monde». Pour ce faire, Gorbatchev préconise une «perestroïka du développement durable», comme il l’a indiqué en avril dernier à l’occasion du 20e anniversaire de l’ONG. En 2007, il a même mis sa célébrité au service de l’ONG en participant à une campagne pour Louis Vuitton en échange d’une donation.
Photographié par Annie Leibovitz dans une voiture de luxe, longeant les vestiges du mur de Berlin, l'ancien président de l'Union soviétique fait-il à nouveau une apparition WTF comme en 1997, lorsqu’il a tourné dans un spot pour Pizza Hut? Pas vraiment. D’une parce que la mise en scène rappelle la phrase de Reagan «Mr. Gorbachev, tear down this wall!» («M. Gorbachev, démolissez ce mur!»). De deux parce que, si l’on regarde bien la photo, on voit dépasser du sac posé à côté de lui un journal dont la une titre sur le «Meurtre de Litvinenko», référence à l’ancien agent du KGB mort en novembre 2006 des suites d’un empoisonnement au polonium 210, qui avait accusé Vladimir Poutine d’avoir orchestré son assassinat.
Critique du régime russe
Et, même si Vuitton et Gorbatchev avaient à l’époque exclu toute signification cachée dans la publicité, un proche de ce dernier avait tout de même rappelé au NY Times que «la position de Gorbatchev concernant l’affaire Litvinenko [était] toujours la même», à savoir qu’elle devait faire «l’objet d’une enquête criminelle minutieuse». Car, entre deux conférences dûment tarifées, le Prix Nobel de la Paix 1990 et copropriétaire du journal d'opposition Novaïa Gazeta, ne manque pas une occasion de critiquer le pouvoir en place en Russie.
En 2011, il a ainsi profité de l’attention que lui conférait la célébration de son 80e anniversaire pour s’en prendre à Poutine et Russie unie, le parti qui lui est inféodé, estimant que c’est «la copie en pire du PCUS (Parti communiste de l'Union soviétique)», et que la Russie n'est même pas arrivée «à mi-chemin de la démocratie». Il appellera également à la démission de Poutine après les législatives contestées de décembre 2011. En effet, même vingt ans après son éviction du pouvoir, Mikhaïl Gorbatchev n'a jamais délaissé la scène politique, malgré l’image négative qu’il représente pour 38% des Russes et son manque de réussite: en 1996, il n’avait ainsi recueilli que 0,5% des suffrages à l'élection présidentielle.