Egypte: les avoirs de responsables islamistes gelés, Morsi interrogé

Egypte: les avoirs de responsables islamistes gelés, Morsi interrogé

La justice égyptienne a décidé dimanche le gel des avoirs ...
© 2013 AFP

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La justice égyptienne a décidé dimanche le gel des avoirs de 14 responsables islamistes, dans le cadre de l'enquête sur les violences sanglantes des deux dernières semaines, et interrogé le président déchu Mohamed Morsi sur son évasion de prison début 2011.

Alors que la situation est suivie de près à l'étranger, le secrétaire d’État adjoint William Burns devait arriver dimanche soir au Caire, pour la première visite d'un haut responsable américain depuis la destitution par l'armée de M. Morsi le 3 juillet.

L'ex-chef de l’État, ainsi que d'autres membres des Frères musulmans, ont été interrogés dimanche dans un lieu tenu secret sur les circonstances de leur évasion de la prison de Wadi Natroun (au nord-ouest du Caire), durant la révolte contre Hosni Moubarak, ont indiqué des sources judiciaires à l'AFP.

L'enquête, menée par la Sécurité intérieure, cherche en particulier à déterminer si la confrérie a bénéficié de l'aide de groupes étrangers comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien, ont-elles précisé.

Samedi, des sources judiciaires avaient par ailleurs annoncé que le nouveau procureur général, Hicham Barakat, examinait des plaintes de particuliers contre M. Morsi et d'autres membres des Frères musulmans, pour «espionnage», «incitation au meurtre de manifestants» et «mauvaise gestion économique».

Le procureur général a en outre ordonné le gel des avoirs de 14 hauts responsables islamistes, parmi lesquels le Guide suprême Mohamed Badie et huit autres dirigeants des Frères musulmans.

Une centaine de personnes sont mortes depuis le renversement de Mohamed Morsi par l'armée, au terme de manifestations massives réclamant son départ.

Les heurts les plus sanglants sont survenus le 8 juillet, lors d'un rassemblement pro-Morsi devant le siège de la Garde républicaine au Caire, faisant au moins 53 morts. Un mandat d'arrêt a été émis contre le Guide suprême des Frères et d'autres responsables de la confrérie en lien avec ce drame. En revanche, quelque 200 personnes arrêtées la semaine dernière ont été libérées dimanche.

Les deux camps rivaux ont appelé à manifester à nouveau lundi au Caire.

Les partisans de Mohamed Morsi, auquel des millions d’Égyptiens ont reproché de ne pas avoir su gérer le pays et de n'avoir servi que les intérêts de sa confrérie, sont rassemblés depuis deux semaines devant la mosquée Rabaa al-Adawiya, au Caire.

Ils exigent le retour du premier président démocratiquement élu du pays.

Le nouveau pouvoir, sourd à ces demandes, a assuré que l'ex-chef de l’État se trouvait «en lieu sûr» et était «traité dignement». Mais il n'est pas apparu en public depuis son arrestation, et Washington, ainsi que Berlin, a réclamé sa libération.

Dans un premier commentaire depuis le 3 juillet, le général Abdel Fattah al-Sissi --nouvel homme fort du pays-- a affirmé que l'armée avait agi après le refus de Mohamed Morsi d'organiser un référendum sur sa présidence.

Parallèlement, le Premier ministre Hazem Beblawi a poursuivi dimanche ses tractations pour constituer au plus vite un nouveau gouvernement, afin de maintenir le cap politique fixé par le président intérimaire Adly Mansour, qui doit notamment mener à des élections législatives début 2014.

Le prix Nobel de la Paix Mohamed ElBaradei a prêté serment comme vice-président chargé des relations internationales, et l'ancien ambassadeur à Washington, Nabil Fahmy, a dit avoir accepté le poste de ministre des Affaires étrangères. Ahmed Galal, un ancien de la Banque mondiale (BM), va lui devenir ministre des Finances.

Selon M. Beblawi, la composition du gouvernement pourrait être annoncée mardi ou mercredi. Il a réaffirmé que ses priorités seraient de restaurer la sécurité, d'assurer la fourniture des biens et services et de préparer les échéances électorales.

L'évolution de la crise dans le pays le plus peuplé du monde arabe est l'objet d'une attention soutenue à l'étranger, et lors de sa visite de deux jours, M. Burns «marquera l'appui des États-Unis au peuple égyptien», selon le Département d’État.

Le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton s'est dite «profondément préoccupée», tandis que le Premier ministre turc, l'islamiste Recep Tayyip Erdogan, a clamé que Mohamed Morsi demeurait le seul chef d’État légitime à ses yeux.

Dimanche soir, des milliers de personnes se sont rassemblées à Istanbul en soutien à M. Morsi.

Les autorités de Bahreïn ont mis en garde contre toute participation à des manifestations le 14 août, à l'appel d'un mouvement inspiré par l’Égypte.

Enfin, Human Rights Watch a critiqué l'enquête menée par le nouveau pouvoir sur les heurts du 8 juillet.

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