Egypte: L'armée renverse Morsi et les Frères musulmans, la communauté internationale «inquiète»

Egypte: L'armée renverse Morsi et les Frères musulmans, la communauté internationale «inquiète»

MONDE – Le président déchu est retenu dans un bâtiment militaire alors qu'une vague d'arrestations est en cours contre les islamistes...
P.B. avec AFP

P.B. avec AFP

La situation égyptienne est restée très «fluide» au cours de la nuit. Les concerts de klaxon sur la place Tahrir ont répondu aux cris des pro-Morsi tandis que les militaires enclenchaient un fragile processus de transition, sous l'oeil inquiet de la communauté internationale. Le point sur les derniers rebondissements.

Morsi retenu dans un bâtiment militaire

Le président déchu a été transféré au ministère de la Défense dans la nuit. Mohamed Morsi a été «séparé de son équipe», selon un responsable des Frères musulmans, le parti dont il est issu. Dans un message vidéo pré-enregistré et diffusé sur la filiale locale d'Al Jazeera s'est redit «le président élu d'Egypte», refusant de se soumettre à la décision de l'armée qui suspendu la Constitution et engagé un processus de transition vers de nouvelles élections.

Vague d'arrestation chez les islamistes

La détention du premier président démocratiquement élu d'Egypte et de sa garde rapprochée est la dernière étape d'une série de mesures prises par les forces de sécurité qui ont resserré leur étau sur les Frères musulmans. 300 mandats d'arrêt contre ses membres, dont des hauts dirigeants, ont été délivrés. En outre, l'armée a interrompu la diffusion de la chaîne de télévision de l'organisation et perquisitionné les locaux d'Al-Jazeera-Mobacher, qui a diffusé l'enregistrement de Morsi.

Sept partisans de Morsi tués dans des heurts

Alors que ses opposants exultaient sur la place Tahrir, les partisans de Morsi ont attaqué des bâtiments de la sécurité dans le nord du pays. Sept d'entre eux ont péri dans des heurts avec les forces de l'ordre à Marsa Matrouh et Alexandrie, sur la côte méditerranéenne.

Le processus de transition en route

L'armée a suspendu la constitution et nommé le président du Conseil constitutionnel, Adly Mansour, pour succéder à Morsi en attendant la tenue d'élections. Juge discret, Mansour a reçu les félicitations de l'Arabie Saoudite et devrait prêter serment jeudi. Les consultations pour la formation du prochain gouvernement –qui regroupera «toutes les forces nationales» et sera «doté des pleins pouvoirs», selon l'armée– ont débuté, a annoncé l'opposant Amr Moussa. L'armée a promis qu'elle «resterait éloignée de la politique» par la voix de son chef, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui apparaît comme le nouvel homme fort du pays. Il a détaillé, en compagnie des chefs religieux chrétiens et musulmans du pays et du représentant de l'opposition Mohamed ElBaradei, une «feuille de route», qui «répond aux revendications du peuple».

La communauté internationale «inquiète»

Barack Obama s'est dit «profondément inquiet» et appelé à l'élection rapide d'un nouveau gouvernement civil. Il a pris soin de ne pas parler de «coup d'Etat» mais a évoqué une possible révision de l'importante aide militaire à l'Egypte. Selon les règles américaines, elle ne peut pas être versée en cas de renversement militaire. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, suit avec «inquiétude» la crise. Paris a «pris acte» de la tenue de futures élections, et souhaité que la période qui s'ouvre se déroule dans «le respect de la paix civile». Londres a appelé au calme en se disant contre l'intervention de l'armée pour changer le régime.