Municipales en Italie: la gauche fait le plein des grandes villes, dont Rome
•Le centre gauche a repris Rome à la droite, et remporté les autres grandes villes italiennes en jeu durant le weekend, lors d'un scrutin marqué par un taux d'abstention sans précédent.© 2013 AFP
Le centre gauche a repris Rome à la droite, et remporté les autres grandes villes italiennes en jeu durant le weekend, lors d'un scrutin marqué par un taux d'abstention sans précédent.
Pour ces municipales partielles, la gauche l'a emporté dans les 11 chefs lieu de département où il y avait ballotage, confirmant sa force historique dans des cités comme Sienne mais s'emparant aussi de fiefs de la droite comme Brescia, Trévise (dominée depuis 20 ans par la Ligue du nord), Impéria ou Viterbe.
La victoire la plus spectaculaire est celle de la gauche à Rome où le chirurgien Ignazio Marino, candidat du Parti démocrate (PD) a écrasé son adversaire, le maire sortant Gianni Alemanno membre du PDL de Silvio Berlusconi avec 63,9% contre 36,1%.
La gauche avait gouverné la Ville éternelle pendant près de vingt ans, de 1989 à 2008, avant de céder la place à l'ex-néofasciste Alemanno.
Ce dernier a téléphoné à son rival pour l'assurer de «sa loyauté institutionnelle maximale». Le maire sortant a souligné «les résultats globalement pas positifs du centre droit en Italie», les expliquant par une «désaffection» des Italiens à l'égard de la politique.
A Rome, à peine 45% des électeurs se sont rendus aux urnes et seulement 48,6% au niveau national (contre près de 60% au premier tour), un pourcentage inhabituellement bas pour l'Italie habituée à des participations dépassant souvent les 70%.
M. Marino, 57 ans, un chirurgien spécialiste des greffes originaire de Gênes, qui a fait ses études à Rome avant d'être recruté aux Etats-Unis, s'est dit «très ému et conscient de ses responsabilités».
Sans critiquer son adversaire accusé «d'incurie» par ses détracteurs, le nouveau maire a annoncé un «changement de méthode». «On va récompenser le mérite», a-t-il lancé devant une foule de supporteurs rassemblés sur la piazza di Pietra, au centre de Rome, en brandissant des drapeaux «Roma è vita» (Rome c'est la vie) ou avec l'inscription «Daje», «vas-y» en dialecte romain.
Le chef temporaire du PD, Guglielmo Epifani s'est réjoui du succès «homogène» de la gauche au niveau national mais a souligné que «le parti doit garder les pieds sur terre car il est chargé d'une responsabilité particulièrement lourde».
Le résultat «renforce l'exécutif d'union nationale», a affirmé Enrico Letta, chef du premier gouvernement gauche-droite de l'après-guerre en Italie.
Comme M. Epifani, il s'est dit très inquiet du niveau de l'abstention. «C'est une sonnette d'alarme, il faut tous y réfléchir», a estimé M. Letta.
Pour Antonio Noto, directeur de l'institut de sondages Ipr Marketing, le manque d'enthousiasme des électeurs est un effet de la récession dans laquelle le pays est plongé depuis près de deux ans.
«Les administrateurs locaux, parmi lesquels les maires, perdent du poids. Manquant de moyens financiers, ils ne peuvent ni faire des travaux ni améliorer les services», a-t-il déclaré au quotidien Repubblica (gauche).
Mais il semble que le phénomène ait été particulièrement marqué dans l'électorat du centre droit. Selon M. Epifani du PD, cela pourrait s'expliquer par «un manque d'enracinement des candidats» de la droite, très identifiés à leur chef Silvio Berlusconi.
«La politique est faite de cycles, à ce round, nous avons encaissé les coups, mais au prochain nous chercherons à les rendre», a averti Gianfranco Rotondi, un fidèle du Cavaliere.
Outre la désaffection à l'égard de la classe politique, ces municipales ont confirmé le coup d'arrêt donné au Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo, absent du ballotage de toutes les grandes villes alors qu'il avait remporté l'an passé à la même époque l'importante mairie de Parme.
L'ex-comique a fait contre mauvaise fortune bon coeur en clamant qu'avec les victoires de ses candidats dans les petites villes de Pomezia, près de Rome et Assemini près de Cagliari, «le chemin du M5S est inexorable».
Mais ce mouvement contestataire est aujourd'hui très divisé et déstabilisé par l'attitude de son chef qui en fin de semaine dernière a qualifié le Parlement de «tombe malodorante, ne servant à rien». Selon les commentateurs, les électeurs du Mouvement l'ont abandonné en grand nombre, lui reprochant d'avoir raté le coche en refusant toute alliance avec le PD après les législatives de fin février qui s'étaient terminées sans vrai vainqueur.