La Serbie et le Kosovo sur le point de clore le dernier conflit des Balkans
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La Serbie et le Kosovo sont parvenus à un accord de principe en vue de normaliser leurs relations, sous l'égide de l'UE, étant sur le point de tourner la dernière page des conflits ayant ensanglanté l'ex-Yougoslavie.
Aujourd'hui Premier ministre du Kosovo, Hashim Thaçi était le commandant de la guérilla indépendantiste kosovare, alors que le chef du gouvernement serbe Ivica Dacic, était le porte-parole de l'ex-homme fort de la Serbie, Slobodan Milosevic, décédé en 2006 dans la prison du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, qui le jugeait pour sa responsabilité dans les conflits qui ont déchiré les Balkans dans les années 1990. Le n.2 du gouvernement serbe, Aleksandar Vucic, était lui ministre de l'Information de Milosevic.
Ce samedi, au lendemain de la signature de l'accord, la presse kosovare était enthousiaste. «Accord historique» titrait le quotidien Koha Ditore tandis qu'Express y voyait une «Nouvelle confirmation que le Kosovo est indépendant, souverain et libre». A Belgrade, la presse illustrait les divisions de la société serbe sur ce sujet. Politika titre d'un ton neutre «Belgrade et Pristina sont parvenus à un accord»,alors que Nase Novine affirme: «Journée noire! Le Kosovo ne nous appartient plus. La Serbie a capitulé devant Bruxelles!».
Pression de l'Union européenne
En revanche, Kurir se réjouissait d'une «Victoire de la diplomatie serbe» tandis que, plus pragmatique, Blic exigeait que Bruxelles octroie rapidement à la Serbie une date pour démarrer les négociations d'adhésion à l'Union européenne. C'était cet argument que l'UE a utilisé pour faire pression sur Belgrade, car sans accord avec Pristina, la Serbie risquait de voir son rapprochement européen reporté sine die.
L'accord, dont les 15 points n'ont pas été rendus publics par l'UE, porte sur le degré d'autonomie des 40.000 Serbes du nord du Kosovo. Selon une version non-officielle de l'accord, les Serbes du Kosovo auraient le droit de nommer le chef de la police régionale, qui agirait néanmoins sous le commandement du ministre de l'Intérieur de Pristina. La communauté serbe serait aussi responsable de la gestion des tribunaux dans les régions où elle est majoritaire, tout en «fonctionnant au sein des institutions légales du Kosovo».
Dans le nord du Kosovo, qui échappe au contrôle des autorités de Pristina et où les Serbes se sentent trahis par Belgrade, les élus des conseils municipaux ont exigé l'organisation d'un référendum «en Serbie» portant sur «l'acceptation des conditions» de cet accord. Belgrade et Pristina, ont jusqu'à lundi pour confirmer l'accord paraphé, date à laquelle la question sera à l'ordre du jour d'une réunion des ministres des Affaires européennes à Luxembourg.