Le passage du Mexique aux Etats-Unis: une épreuve à haut risque
•Le mur court sur des milliers de kilomètres, parfois renforcé ...© 2013 AFP
Le mur court sur des milliers de kilomètres, parfois renforcé de fils barbelés; les douaniers, armés et aux aguets, patrouillent en 4x4; les caméras de surveillance guettent l'horizon... Traverser la frontière américano-mexicaine est une épreuve à haut risque.
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Selon Enrique Morones, de l'ONG Border Angels, 10.000 personnes y ont laissé leur peau depuis 1994.
«Avant la construction du mur, il y avait un ou deux morts par mois, maintenant c'est un ou deux par jour», déplore-t-il. La douane parle elle de 5.570 morts entre 1998 et 2012.
La sécurité a tant été musclée sur cette frontière sud des Etats-Unis ces 20 dernières années, y compris sous Obama, que le nombre de personnes prêtes à tenter l'aventure a fondu.
Ainsi, les arrestations de clandestins sont passées de 500.000 par an au début des années 1990, quand le mur a été érigé à 2,50 mètres de hauteur, à 28.000 l'année dernière, selon l'agent Timothy Hamill, de la douane de San Diego, en Californie.
Juste au sud de cette ville coquette au bord du Pacifique, de l'autre côté du mur, se dresse Tijuana, pauvre et ultra urbanisée. Un repaire de tous les excès qui abrite trafiquants de drogues et passeurs d'êtres humains. Là est le passage frontalier le plus fréquenté au monde, le point d'entrée de San Ysidro.
«Des générations de trafiquants ont vécu dans cette zone», soupire l'agent, s'arrêtant au sommet d'une colline d'où le contraste entre les deux pays surgit tout net. Ce secteur est désormais sous la surveillance de 59 caméras, réparties dans 14 tours de contrôle, et est éclairé la nuit par des projecteurs puissants.
Malgré la décrue des passages illégaux, un sondage ABC News/Washington Post a montré la semaine dernière que huit Américains sur dix étaient en faveur d'un nouveau renforcement de la frontière, alors que la réforme de l'immigration figure désormais au premier plan du programme du président Barack Obama.
Dizaines de petits tunnels creusés sous la frontière
Le trafic de drogues (cannabis, cocaïne et métamphétamine surtout) et celui des êtres humains sont une menace permanente pour les Etats-Unis et ont grandi avec les cartels mexicains. Dans la région, le territoire est disputé par le cartel de Tijuana et le Sinaloa, dont la tête du chef, Joaquin «El Chapo» Guzman, est mise à prix en Amérique.
Celui-ci a même été désigné officiellement ennemi public n°1 par la ville de Chicago, un «titre» pas décerné depuis 1930 quand Al Capone faisait trembler la ville.
Mais avec les mesures de sécurité, la drogue devient plus difficile à faire passer. Grâce à la multiplication des patrouilles, les saisies de substances illicites ont augmenté de 65% depuis 2005, affirme Timothy Hamill.
«La frontière est plus sûre aujourd'hui que par le passé, mais nous avons sans aucun doute encore des défis à relever», dit-il.
Il montre alors les traces de dizaines de petits tunnels creusés sous la frontière, rudimentaires le plus souvent, parfois plus sophistiqués. Ces installations, découvertes ces dernières années, sont immédiatement rebouchées par les autorités. Elles permettent de transporter aussi bien drogues que clandestins, les deux principales «activités criminelles transnationales», explique l'agent.
Malgré ces obstacles, certains rêveurs d'Amérique, guidés par le Saint patron mexicain des immigrants Santo Toribio Romo, ne se découragent pas.
«Le mur ne les arrête pas, il les retarde seulement», assure Enrique Morones, qui les aide dans leur périple en disséminant des bouteilles d'eau dans le désert.
Tomas, 35 ans, est l'un d'entre eux. Sans papiers américains, il a traversé la frontière plus d'une fois pour du travail. «Je peux sauter cette barrière les yeux fermés», dit-il à l'AFP.
«Si on veut travailler, on travaille. Tant que les Etats-Unis auront besoin de la main-d'oeuvre des latinos, il y aura toujours moyen de passer le mur», poursuit-il.
Un autre, souhaitant rester anonyme, raconte avoir vu des ossements humains sur son passage. Car les passeurs, ou «coyotes», n'attendent pas quiconque ne suit pas.
Et les chemins empruntés sont périlleux. Car en dehors du mur, qui couvre les deux tiers des quelque 3.200 kilomètres de frontière, le reste est constitué de barrières naturelles: rivières, déserts et montagnes. C'est par là que les clandestins, pour quelques milliers de dollars, suivent les «coyotes» pour «chercher une vie meilleure», selon M. Morones.