RELIGIONJean, Clément, Innocent... Le futur pape choisira son nom, selon la tradition

Jean, Clément, Innocent... Le futur pape choisira son nom, selon la tradition

RELIGIONLe prochain souverain pontife choisira comme nom de règne une forme latinisée de son nom de baptême, le nom d'un prédécesseur ou d'un saint...
E.O. avec AFP

E.O. avec AFP

Le successeur de Benoit XVI sera-t-il Paul VII, Jean XXIV...ou Eleuthère II? Le futur pape pourra, selon la tradition, choisir le nom qu'il portera pendant son pontificat: forme latinisée de son nom de baptême, nom d'un prédécesseur ou d'un saint sont les options qui s'offriront au 266e souverain pontife de l'histoire.

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La règle veut que le successeur de l'apôtre Pierre sur le trône de l'Eglise choisisse son nom juste après avoir été élu par l'assemblée des cardinaux réunis en conclave. Le nom du nouveau pontife est alors proclamé à la foule romaine, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, par le cardinal protodiacre - le Français Jean-Louis Tauran cette année - après la célèbre formule latine: Habemus Papam («nous avons un pape»).

Plus de Pierre depuis 64 après JC

Plusieurs possibilités s'offriront au successeur de Benoit XVI pour choisir le nom qu'il portera pendant son pontificat. Il peut aussi se déterminer en fonction de la signification du nom, par exemple Pie (pieux) ou Innocent. Des considérations personnelles peuvent également entrer en ligne de compte, comme ce fut le cas pour le pape Jean XXII qui choisit son nom en référence à son propre père.

Le frère du cardinal brésilien Odilo Scherer, un des favoris, a indiqué au journal O Globo que s'il est élu, son frère prendra certainement le nom de Paul.

A l'origine, les papes gardaient habituellement leur nom de baptême et ceci jusqu'à la fin du premier millénaire. La coutume change en 996 quand Grégoire V abandonne son nom de baptême, Bruno. 131 de ses 133 successeurs feront de même, dont Jean Paul II. Avant le 10e siècle, six papes seulement avaient changé de nom pour des raisons diverses. La première exception fut Jean II en 533. Baptisé Mercure, il ne souhaitait pas porter le nom d'un dieu païen.

Depuis le Galiléen Simon-Pierre, le premier pape mort en martyr en l'an 64 après Jésus-Christ, aucun pape n'a osé adopter le nom de Pierre. Jean XIV (983), qui s'appelait pourtant Pierre, n'a pas brisé ce qui est considéré comme un véritable tabou. De même pour Serge IV (1009).

Pas de pape Benoît X ni Jean XX

Le premier nom à être choisi à plusieurs reprises était celui de Sixte, en 257 avec le pape Sixte II. Depuis, les noms les plus souvent adoptés sont Jean (21), Grégoire (16), Clément et Benoît (15), Léon et Innocent (13) et Pie (12).

Ce décompte ne tient pas compte des «antipapes» (ou papes considérés par l'Eglise comme irrégulièrement élus, tel ce pape Jean XXIII en 1410) et comporte quelques anomalies: on passe ainsi de Benoît IX (qui fut trois fois pape de 1032 à 1048) à Benoît XI en 1303, et le pape Jean XX n'a pas existé.

«Jean XXIII et Paul VI constituent une étape à laquelle je désire me référer»

C'est Jean Paul Ier, élu en 1978, et dont le pontificat n'avait duré que 33 jours, qui le premier a choisi de porter deux prénoms accolés l'un à l'autre - un tel double nom était sans précédent dans l'histoire de la papauté - souhaitant ainsi exprimer sa gratitude et son attachement à l'héritage laissé à l'Eglise par les pontifes Jean XXIII et Paul VI.

Jean Paul II, qui lui avait succédé en octobre 1978, avait expliqué son choix dans sa première encyclique Redemptor hominis du 4 mars 1979 par la volonté de s'inscrire symboliquement dans la lignée de ses plus proches prédécesseurs. «Ce pontificat (de Jean Paul Ier) n'ayant duré qu'à peine trente-trois jours, il m'appartient non seulement de le continuer, mais, d'une certaine manière, de le reprendre au même point de départ», écrivait-il dans son encyclique.

«Jean XXIII et Paul VI constituent une étape à laquelle je désire me référer directement comme à un seuil à partir duquel je veux, en compagnie de Jean Paul Ier pour ainsi dire, continuer à marcher vers l'avenir, me laissant guider, avec une confiance sans borne, par l'obéissance à l'Esprit que le Christ a promis et envoyé à son Eglise», pouvait-on lire dans Redemptor hominis.

Quant à Joseph Ratzinger, il a choisi le nom de Benoît XVI en référence à Benoît XV, le pape de la paix au cours de la première guerre mondiale.