Newtown: «J'ai l'impression que cette tuerie fait partie des risques routiniers en Amérique»
TÉMOIGNAGE•ulien*, internaute expatrié en Californie, nous donne son ressenti sur la tuerie de Newtown et le port d'armes aux États-Unis...Témoignage édité par Christine Laemmel
A la suite de la tuerie de Newtown (Connecticut) survenue vendredi 14 décembre, nous avons publié ce mardi les impressions de Sandy, expatriée française en Floride. Mère de deux enfants, fortement heurtée par la tragédie, elle nous expliquait être en accord avec le deuxième amendement de la constitution, autorisant le port d’armes. Elle confiait apprécier le «fort sentiment de compassion des Américains» après ce genre d’événement.
Mardi soir, un deuxième internaute nous a contactés. Julien*, expatrié en Californie, a également tenu à témoigner. Selon lui, «le sentiment de sécurité dépend avant tout de l’endroit où l’on réside.» A l’opposé d’une «Floride pro-armes», il évoque les réactions des Californiens après la tuerie de Newtown, déplorant une «banalisation de la violence».
«Si une tuerie arrivait en France, les réactions de la rue seraient différentes»
Pour ce Français, marié à une Américaine, la tuerie de Newtown a été un choc énorme. «L’événement le plus terrible dont j'ai pu être témoin depuis mon expatriation» écrit Julien. Et celui qui lui a fait réaliser les enjeux du débat sur le port d’armes aux États-Unis.
«Sur les trottoirs du Financial District de San Francisco, les gens continuaient à aller au boulot d'une manière tout à fait normale, comme si, au final, cela faisait partie des risques routiniers en Amérique.» Incrédule devant ce qui représente pour lui «une certaine banalisation de la violence», il est persuadé que les réactions seraient tout autre en France «pas forcément au niveau du pouvoir, mais du citoyen lambda dans la rue.»
Julien se félicite malgré tout de vivre dans un État, selon lui «majoritairement anti-armes». En Californie «toutes les ventes requièrent une vérification du fichier fédéral, rappelle lemonde.fr , les chargeurs à haute capacité et la plupart des armes d'assaut sont interdits à la vente, les acheteurs doivent d'abord passer un examen écrit et ne peuvent acquérir qu'une seule arme de poing par mois.»
«Plus d'armes, plus de risques»
Ce qui n’empêche pas «les gangs d’opérer en ville» tempère Julien, en signalant un meurtre survenu lundi à San Francisco. «Mais je ne pense pas qu'un port légal apporte plus de sécurité. Plus d'armes, plus de risques.» tranche cet internaute. «Si demain je sors dans un bar et que ma voisine de table a un petit Colt dans son sac à main, je fous le camp purement et simplement, écrit Julien. Quelle serait la suite? Se balader avec une lame de 15 cm dans la poche pour aller au resto, au cas où?»
Selon lui, aux États-Unis, si les positions sur les armes diffèrent autant, tout est question de lieu de vie et d’éducation «pro-guns ou pas». «Une de mes connaissances est prof dans un lycée public du Texas, raconte-t-il. Elle adore les armes, croit que la vérité sort de Fox News et pense que le gouvernement est inutile. Le jour de la tuerie, sa photo de profil sur les réseaux sociaux était la même depuis plusieurs semaines: Elle en train de tirer au fusil d'assaut automatique. Le jour de la tuerie. Une prof.»
*Le prénom a été modifié à la demande de l’internaute.