DIPLOMATIEChangement de statut de la Palestine à l'ONU: Un vote sans suspense mais pas sans conséquences

Changement de statut de la Palestine à l'ONU: Un vote sans suspense mais pas sans conséquences

DIPLOMATIELa Palestine est assurée d'obtenir le statut d'Etat observateur non-membre à l'ONU, même si plusieurs pays vont voter contre ou s'abstenir...
Bérénice Dubuc avec Faustine Vincent

Bérénice Dubuc avec Faustine Vincent

Ce jeudi, l’Assemblée générale de l’ONU doit voter pour ou contre l'octroi à la Palestine d'un statut d'État non-membre observateur. Une démarche qui a de très grandes chances d’aboutir, dans la mesure où les Palestiniens ont uniquement besoin de la majorité des votes à l’Assemblée générale, et que les Etats favorables à la cause palestinienne sont largement majoritaires parmi les 193 pays membres de l'Assemblée générale.

«Tous les pays du Sud vont voter “pour“», explique à 20 Minutes Frédéric Encel, docteur en géopolitique, professeur à l'ESG management school et auteur de Géopolitique d'Israël (Seuil, 2008), tout comme la Chine, qui a annoncé son soutien la semaine dernière, ou encore la France. «Ce soutien français est le signe d’un soutien à Mahmoud Abbas, qui a répondu à toutes les requêtes du Quartette, qui mène une politique non violente et globalement moins corrompue que ses prédécesseurs, face au Hamas, partisan de la politique du pire et du chaos», analyse Frédéric Encel.

«Une étincelle au Moyen-Orient peut créer une guerre mondiale»

Pour Ron Pundak, l’un des négociateurs israéliens des accords d’Oslo en 1993 et président de l’ONG Palestinian-Israeli Peace Forum, l’approbation de la France est «un geste juste et courageux, qui pourrait permettre de convaincre les pays européens encore hésitants». En effet, un nombre croissant de pays européens ont fait connaître leur intention de soutenir la démarche palestinienne ce mercredi.

Certains Etats -«une dizaine» pour Frédéric Encel- s’abstiendront, à l’instar de la Grande-Bretagne, qui conditionne son soutien à la démarche palestinienne mais pour qui «il n'est pas question de voter contre la résolution». Un choix qui ne fait pas peur à d’autres: la démarche palestinienne rencontre en effet l’hostilité de plusieurs pays du Nord -Israël, Etats-Unis, Allemagne, Italie ou encore Canada. «Les pays qui vont voter contre se rallient à l’argument d’Israël selon lequel il vaut mieux ne pas créer de multilatéralisme dans ce dossier, et s’en tenir aux négociations directes entre Israéliens et Palestiniens pour régler le conflit», analyse Frédéric Encel.

Un vote bénéfique pour le monde entier

Car le règlement du conflit israélo-palestinien, un temps éclipsé par le printemps arabe et le dossier iranien, est une priorité, comme l’a rappelé au monde la récente guerre de Gaza. «Une étincelle au Moyen-Orient peut créer une guerre mondiale», souligne Leïla Shahid, déléguée générale de la Palestine à l’Union européenne. Ron Pundak abonde: «Si ce vote était favorable, ce serait une bonne nouvelle pour tout le monde: pour les Palestiniens bien sûr, mais aussi pour les Israéliens, qui verront leurs frontières clairement définies, y compris celles situées à l’Est, toujours sources de conflit, et aussi pour le monde entier.»

Le changement de statut palestinien permettrait en effet de revivifier la «solution à deux États», base de la «feuille de route» du Quartette pour régler le conflit israélo-palestinien. «Un vote positif serait aussi bénéfique dans le sens où cela renforcerait Mahmoud Abbas et l’OLP, et affaiblirait le Hamas. Tous les Etats sentent qu’un vote contre le texte, donc contre Mahmoud Abbas, renforcerait encore plus le Hamas», ajoute Ron Pundak. Pour Leïla Shahid, les choses sont claires: «Nous disons aux Etats-membres de l’ONU: “Vous avez un devoir. Il y a 65 ans, vous avez voté pour la création de deux Etats. L’Etat d’Israël est né en 1948. Mais l’Etat palestinien n’existe toujours pas. Il est temps qu’il voie le jour“.»