Le géant suédois du meuble Ikea a déclaré ce vendredi «regretter» avoir eu recours à des travailleurs forcés dans les années 1970 et 1980 en Allemagne de l'Est.

Ikea a présenté à Berlin un rapport commandé au cabinet d'audit Ernst & Young. Il montre que des prisonniers en République démocratique allemande (RDA, alors dans le bloc soviétique), parmi lesquels de nombreux dissidents politiques, ont été employés pour la fabrication de meubles fournis à Ikea il y a 25 à 30 ans. La direction de l'entreprise, ajoute le rapport, était informée du possible recours au travail forcé par certains de ses fournisseurs en RDA.

«Une mise en scène»

«Nous regrettons profondément que cela se soit produit», a déclaré Jeannette Skjelmose, membre de la direction d'Ikea. «Nous n'avions pas à l'époque les systèmes de contrôle bien au point dont nous disposons aujourd'hui, et nous n'en avons clairement pas assez fait pour empêcher de telles méthodes de production», a-t-elle ajouté.

Avant même sa présentation, ce rapport a déjà soulevé de vives critiques en Allemagne. L'Association d'aide aux victimes de la RDA a ainsi reproché dans un communiqué à Ikea de vouloir faire «une mise en scène non scientifique» et déplore que le groupe ait confié les recherches au cabinet de conseil Ernst & Young, «probablement moyennant finance», et non à des historiens indépendants.

«Il aurait été plus simple de nous solliciter, parce que nous sommes compétents sur ce sujet», a également regretté Klaus Schröder, le directeur d'un centre de recherche sur le régime communiste de la RDA au sein de l'Université Libre de Berlin, dans un autre communiqué. Selon la presse allemande, d'autres entreprises ont eu recours à de la main-d'oeuvre forcée en Allemagne de l'Est, notamment les entreprises ouest-allemandes de vente par correspondance Neckermann et Quelle.