Sur la défense, la différence entre Romney et Obama est affaire de gros sous

Sur la défense, la différence entre Romney et Obama est affaire de gros sous

Sous le masque des postures partisanes, Barack Obama et Mitt Romney partagent une vision similaire des missions de l'armée américaine, mais les deux candidats ont une vision diamétralement opposée de l'évolution du budget du Pentagone.
© 2012 AFP

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Sous le masque des postures partisanes, Barack Obama et Mitt Romney partagent une vision similaire des missions de l'armée américaine, mais les deux candidats ont une vision diamétralement opposée de l'évolution du budget du Pentagone.

Qu'il s'agisse de l'Iran, de l'Afghanistan ou du printemps arabe, Mitt Romney ne manque jamais d'attaquer le bilan du président sortant, accusé de "diriger depuis le siège arrière". Mais sur le fond, les "différences sont minimes", explique à l'AFP Gordon Adams, professeur à l'American University à Washington.

Le candidat républicain ne remet pas en cause le calendrier de la transition en Afghanistan ou les frappes de drones au Pakistan et quand il promet d'aider les rebelles syriens, il ne propose rien de plus que ce qui est déjà à l'oeuvre.

Anticipant la fin des opérations de combat en Afghanistan fin 2014, le président Obama a présenté en janvier ses futures priorités: une armée "amaigrie" mais "agile, prête à réagir à l'ensemble des menaces".

Concrètement, les forces terrestres seront réduites de 100.000 hommes en cinq ans, les investissements centrés sur les forces spéciales, la cybersécurité et les drones. Le budget, stabilisé à 2,9% du PIB, ne devrait croître sur les dix prochaines années que du montant de l'inflation, soit un "trou" de 487 milliards de dollars par rapport aux précédentes projections budgétaires du Pentagone.

Le nom de l'ex-numéro trois du département de la Défense, Michele Flournoy, est souvent avancé dans les couloirs du Pentagone pour remplacer Leon Panetta et mener à bien cette politique au cours d'un éventuel second mandat Obama.

15 navires par an

Mitt Romney est lui au diapason de la tradition républicaine. "Je reviendrai sur les coupes claires et arbitraires du président Obama qui vont dévaster notre armée. Je ferai les investissements de défense cruciaux pour que nous restions en sécurité", a-t-il déclaré début octobre lors d'un rare discours consacré à la politique étrangère.

Avec des conseillers comme Michael Hayden, ancien patron de la CIA sous George W. Bush, ou John Lehman, secrétaire à l'US Navy de Ronald Reagan, le candidat républicain promet de maintenir le budget de la défense à 4% du PIB.

Cette promesse conduira à une augmentation totale du budget sur 10 ans de 2.000 milliards de dollars, soit 35% de plus que le budget prévu par Barack Obama.

Que faire de cette manne? "Je redonnerai à notre marine la taille nécessaire pour mener ses missions en construisant 15 navires par an, dont trois sous-marins", a-t-il mis en avant lors du même discours. Une allocution délivrée en Virginie, l'un des Etats-clés de l'élection qui héberge de nombreuses industries de défense ainsi que la plus grosse base navale au monde.

Réminiscence de la "diplomatie de la canonnière", Dov Zakheim, un conseiller républicain explique que "Mitt Romney essaie de montrer la force (des Etats-Unis) sur le plan diplomatique et la marine est la mieux placée pour le faire".

L'ex-gouverneur du Massachusetts promet également de revenir sur la réduction prévue de 100.000 hommes.

Pour Gordon Adams, qui fut conseiller à la Maison Blanche pour le budget de la Défense sous Bill Clinton, Mitt Romney "n'arrête pas de parler d'un renforcement des capacités mais il ne dit pas pourquoi on en a besoin".

Il ne dit pas non plus comment il compte trouver l'argent alors qu'il promet aussi de s'attaquer au problème du déficit.

Les deux hommes, qui n'ont jamais été sous les drapeaux, font mine de s'opposer sur les questions militaires. Mais "ni Romney ni Obama n'est réaliste sur ce qui va arriver au budget de la Défense, à savoir qu'il va baisser", pronostique-t-il. Comme après les guerres de Corée, du Vietnam ou la Guerre froide.

L'Irak et l'Afghanistan derrière eux, les Américains se désintéressent des questions militaires et avec la dette abyssale du pays, cela ouvre selon lui un "espace politique" pour tailler dans les dépenses.

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