Mode: Quoi? La banane est tendance? «20 Minutes» a testé l'accessoire des années 1990
T'AS LE LOOK COCO•De nouveau sous le feu des projecteurs, le sac « banane » est-il la dernière « fausse bonne idée » de la sphère fashion ? Prenant son courage à deux mains, « 20 Minutes » a tenté de l'adopter…Benjamin Chapon et Clio Weickert
«Le sac banane, nouvel it-bag », « 15 sacs bananes très chics pour adopter la tendance », « Tendances Mode : Le sac banane »… Le message de la fashion police est clair : celles et ceux qui n’arboreront pas le sac banane les prochaines semaines, appartiendront au clan des ringardos. Oui, le classique des années 1990, accessoire vestimentaire indispensable de tout joueur de billes qui se respecte (ça marchait aussi très bien pour tenir la buvette de la fête du village), fait un retour en force. Pour de vrai.
Certains noteront que Rihanna portait déjà la sienne au début des années 2010, tout comme Miley Cyrus, ou Fergie. Certes. Mais on observe une véritable démocratisation de la banane depuis 2017, et le phénomène ne semble pas près de s’essouffler. Alexander Wang, Balenciaga ou encore Gucci, comme le rapporte Vogue, même les marques de luxe plongent tête baissée dans la tendance. Mais attention, « revival 90' oui, mais porté comme en 2018. Soit à l’épaule, en bandoulière ou carrément dans le dos », précise le site.
aVous devez probablement déjà savoir que 20 Minutes ne recule jamais devant le danger. Prêts à se sacrifier pour leur profession et à endurer les plus terribles brimades, deux cobayes du service culture ont décidé d’adopter la banane durant une semaine, quoiqu’il arrive, afin d’estimer son potentiel « stylé » au XXIe siècle. Si le premier a opté pour l’esprit « comme en 2018 », le second s’est tourné vers une option beaucoup plus radicale, la version old school et premier degré de la banane. Voici leurs histoires.
« Old school »
Le style importe peu pour moi (litote). Je m’échine à porter des vêtements pratiques qui me rendent à peu près invisible. C’est pourquoi ce « défi banane », en plus de me renvoyer à la peu glorieuse époque de l’adolescence, m’exposait au crime d’excentricité vestimentaire.
Pendant une semaine, j’ai dû expliquer/excuser la présence de cette banane, avec le duo d’argument : « c’est à la mode » (crédibilité dans ma bouche = néant) et « c’est pratique ».
Or ma banane a un gros défaut (en plus d’être hideuse) : elle n’est pas pratique. La fermeture éclair est merdique et je manque de me luxer l’épaule à chaque fois que je l’ouvre. Si elle est trop pleine, ça devient carrément impossible à moins d’y aller au cutter. Du coup je ne stocke que quelques tickets de métro, un paquet de mouchoir et des cartes de visite. Mes clés et mon téléphone portable continuent de déformer mes poches de veste ou de pantalon.
Mais ce choix stratégique m’a valu des scènes douloureuses. Par exemple : relever son pull et farfouiller sa banane devant un contact pro du monde de l’édition pour lui donner une carte de visite. Ou encore, s’échiner sur la fermeture éclair récalcitrante avec la goutte au nez (là encore devant une personne importante).
Pas pratique à clipser, la banane relève les pulls et vous met le bas des reins à l’air. Du coup, j’ai chopé un lumbago.
Mais le plus dur, c’est le regard des autres. Il y a les passants dans la rue qui vous fixent le pubis d’un air dégoûté, il y a votre épouse qui s’étouffe « mais tu vas vraiment porter ça ? », il y a les amis qui révèlent leur sadisme passif-agressif « c’est tout à fait toi », il y a Cyril Hanouna qui vous salue en début d’interview d’un « Stylé Benji ! »… Étonnamment, certains milieux acceptent mieux cette horreur. Pas de remarques et peu de regards à un vernissage d’expo d’art contemporain. Même chose au lancement d’un livre dans une librairie bobo du XXe arrondissement. La très branchée Aloïse Sauvage n’a rien trouvé à y redire non plus (mais j’étais assis pendant l’interview, elle ne l’a peut-être pas vue)…
Le bilan de l’expérience n’est absolument pas nuancé. C’était pénible et cette banane va immédiatement retourner au néant. J’aimerais dire que j’ai beaucoup appris sur moi-même mais j’ai surtout appris sur les autres : vous n’êtes pas gentils avec les gens mal habillés.
« Comme en 2018 »
Le style importe pour moi, contrairement à la personne qui a choisi la version « old school ». Enfin pour être honnête, il n’a pas vraiment eu le choix. Ayant tenté de m’humilier l’an dernier en me faisant ranger mon bureau publiquement, c’est avec une joie non dissimulée que je lui ai déniché la banane la plus affreuse qu’il soit. La vengeance est un plat qui se mange froid « Benji ».
Pour ma part, lorgnant depuis quelques mois déjà sur ce classique des années 1990, j’ai jeté mon dévolu sur un petit bijou sobre et élégant. Le projet ? Porter fièrement cette banane en bandoulière, affirmer un style un poil plus pointu que d’habitude, et surtout, me gausser durant une semaine de mon collègue (qui soit dit en passant, est mon chef).
Mais n’apprenant pas de mes erreurs passées, j’avais oublié un détail : rien ne se passe jamais comme on le souhaiterait (entre nous, si c’était le cas, je serais actuellement en train de chiller à moitié nue sur une plage à l’autre bout du monde).
Outre de gros moments de malaise, dont un message particulièrement gênant de mon chef, « Cyril a adoré ma banane », j’ai été confronté à l’une des pires choses qui soient : l’indifférence générale. J’ai bien eu le droit à un « ça me rappelle mon père en 1988 », et un « attends, ne me dis pas que t’as une banane ? ! », mais globalement c’était plutôt « ouais ça va c’est discret en fait ». Le problème ? Le projet n’était pas d’être discret. Le projet secret c’était aussi d’attirer l’attention, de susciter la convoitise, la jalousie, de subir des moqueries même, bref, de provoquer une réaction. Car pourquoi s’habiller et s’accessoiriser (oui, ça se dit), si c’est pour passer inaperçu ? Autant se promener à poil.
Et puis c’est vrai que contrairement aux idées reçues, une banane n’est pas pratique. Sa contenance totale ? Un trousseau de clés, un paquet de clopes et un tampon. On ne va pas bien loin. Quoique.
Et le pire dans cette histoire, c’est qu’à mes côtés, celui qui redoutait le plus cette semaine « défi banane », s’est finalement pris au jeu de ce parti pris fashion radical. Amusant la galerie, racontant une anecdote (souvent) drôle chaque matin, j’ai bien compris dans l’attitude faussement meurtrie de mon chef, qu’il n’en prenait pas moins de plaisir. Et comme je le comprends.
Le bilan de cette semaine ? Oui la banane se porte au quotidien en 2018, sans faire de vagues. Mais franchement, à quoi bon s’afficher avec un sac ridiculement petit et peu pratique pour obtenir si peu de résultat ?
« Mais ça ne compte pas pour toi, tout te va », m’a gentiment lancé un collègue face à ma mine dépitée, au terme de cette expérience. Ce n’est pas faux. Et c’est peut-être ça le problème au final.
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