CARNET DE BORDFashion Week Paris: Manish Arora de dos... Je ne suis qu'un petit «D»...

Fashion Week Paris: Manish Arora de dos... Je ne suis qu'un petit «D»...

CARNET DE BORDDurant une semaine, « 20 Minutes » vous propose de découvrir la fashion week parisienne et ses coulisses à travers l’œil d’une néophyte, pour le meilleur et pour le pire…
Les mannequins du défilé Manish Arora immortalisées par des milliards de smartphones (des dizaines en tout cas)
Les mannequins du défilé Manish Arora immortalisées par des milliards de smartphones (des dizaines en tout cas) - WWD/Shutterstock/SIPA
Clio Weickert

Clio Weickert

Trois jours de fashion week, deux cheveux blancs et dix ans dans la tronche. Voilà où j’en suis à presque mi-parcours de ma mission. Pour ceux qui ne le savent pas (mais qui ont envie de savoir puisqu’ils ont cliqué sur l’article), depuis mardi je couvre la « semaine de la mode » parisienne, et ce n’est pas de tout repos. Sans trop exagérer, je dirais même qu’il s’agit un peu de mon chemin de croix à moi. Ou une sorte de psychanalyse, ce qui revient un peu au même, finalement.

Mais je pense sortir grandie de cette expérience. Si j’en sors, cela va de soi. Car cette semaine au pays de l’apparence et du bling bling s’avère très instructive sur la nature humaine. Certes je n’ai toujours pas croisé l’ombre d’Anna Wintour ni encore donné l’occasion à Emily Ratajkowski de devenir mon amie, mais j’ai la sensation d’avancer lentement, mais sûrement, dans la compréhension de ce milieu. Un peu comme un Claude Lévi-Strauss de la mode, d’un genre (oui je sais, je m’emballe un peu, mais mon chef m’a donné carte blanche).

L’instant étiquette

Commençons par le placement. Depuis quelques jours, j’ai le sentiment qu’un truc crucial entre êtres humains se joue lors d’un défilé. Chaque matin, je reçois un carton d’invitation, avec un numéro ou une lettre mystère. Et ce n’est pas une histoire de bataille navale, mais pas loin.

Les invitations cryptiques de la fashion week
Les invitations cryptiques de la fashion week - C.WEICKERT

Vous l’aurez compris, il s’agit du placement. Un peu comme au théâtre, sauf qu’on ne paye pas et qu’on ne choisit pas sa place (en tout cas moi je n’ai pas la combine). En théorie, « A » correspond au fameux « front row » : le premier rang, là où on voit le mieux le défilé et où se retrouvent les gens importants, Anna Wintour ou Sylvie Tellier. En pratique, ça ne veut finalement pas dire grand-chose. Exemple : au défilé Manish Arora, bien que placée au « front row », je n’ai rien vu des modèles. Enfin si, je les ai vues de dos, mais pas de devant. Sylvie Tellier aurait vu ça :

Trois looks issus du défilé printemps/été 2018 de Manish Arora
Trois looks issus du défilé printemps/été 2018 de Manish Arora  - Kamil Zihnioglu/AP/SIPA

Moi j’ai vu ça :

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Rien de dramatique, on est d’accord, et c’était tout de même très chouette. Mais, la différence de placement entraîne une hiérarchie entre les invités et par conséquent, de l’animosité. Et une perte d’estime de soi. Quand je vois que je suis « D », ça me flingue un peu le moral, je me remets un peu en question : étais-je prédestinée à être un « D » avant ma naissance ? Est-ce que c’est un retour de karma à cause de la fois où j’ai écrasé volontairement un escargot en moyenne section de maternelle ? Serai-je toute ma vie un simple et misérable petit « D » ? Maintenant je comprends pourquoi ça a pété en 1789, ça a dû leur taper sur le système cette fichue étiquette.

L’instant street style

Autre moment intéressant de la fashion week : l’avant-défilé. Là ce joue un autre spectacle, celui de se faire photographier et d’immortaliser à jamais sa hype.

Une horde de photographes autour de leur proie
Une horde de photographes autour de leur proie - C.WEICKERT

Perso, malgré mes efforts vestimentaires, pas un seul photographe n’a daigné me jeter un regard. Mais je le vis assez bien, avec le temps j’ai appris à pleurer intérieurement. Tout ça pour dire que bien évidemment, on assiste à une surenchère de looks improbables plus ou moins aboutis.

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Des gens dont, reconnaissons-le, on adore se moquer. Mais finalement, avec du recul, moi je les trouve assez attachants. Et en vrai, respect. D’un, ils font preuve d’une témérité incroyable, et de deux, je me dis qu’eux aussi ont peut-être appris qu’ils étaient « D ». Du coup, ils compensent à leur façon et ne font ni plus ni moins que demander un peu d’attention.

Petit point santé

Depuis mon papier alarmiste sur l’alcool et les Lexomyl, on me demande si ça va (enfin surtout mon père). Rassurez-vous, j’ai mis le pied sur la pédale de frein niveau jaja. Je n’avais pas le choix, mon chef (celui qui m’a donné carte blanche) s’inquiète d’éventuels soucis avec la médecine du travail. Pour ce qui est du mental, je tiens. Je ne sais pas pour combien de temps (je commence d’ailleurs à parler de moi à la 3e personne, ce qui n’est pas bon signe), mais je tiens. Non honnêtement, ça va. Il y a juste cette histoire de « D » qui me chagrine. Franchement, elle a quoi de plus que moi Sylvie Tellier ?