Pourquoi le pull moche de Noël crèche dans nos dressings?
MODE•A l’occasion de la journée mondiale du pull moche de Noël ce vendredi, retour sur le phénomène kitsch qui fait un carton chez les millennials…
Anne Demoulin
Une drôle de mode qui vient d’outre-Atlantique. Oubliés la petite robe noire, les escarpins et les paillettes, ce Noël, place aux chandails kitschs. Un phénomène célébré ce vendredi lors de la journée mondiale officielle du pull moche de Noël (Christmas Jumper ou Ugly Christmas Sweaters en anglais). Explications.
La protohistoire du pull moche tricoté par mémé
Selon les historiens du Christmas Jumper, le pull moche de Noël est apparu au début du XXe siècle. A cette époque, d’attentionnées mamies tricotaient à la main d’affreux chandails censés égayer les hivers les plus rudes et les offraient au réveillon à toute la famille.
Les anthropologues sont divisés sur l’influence des pulls moches portés par Dr Huxtable du Cosby Show, campé par un Bill Cosby alors au sommet de sa gloire et pas encore inculpé d’agression sexuelle. Toujours est-il que les pulls moches de Noël, appelés à l’époque Jingle Bells Sweaters sont produits en masse et connaissent leur première heure de gloire dans les années 1980.
La mythologie du col roulé vert de Darcy
Remisé au placard dans les années 1990, le pull moche de Noël a fait un retour remarqué sur le grand écran dans Le Journal de Bridget Jones en 2001, dans la scène où Mark Darcy, campé par Colin Firth, est présenté à la célibataire, incarnée par Renée Zellweger, dans un abominable col roulé vert orné d’un renne.
De l’université au bureau, sociologie du chandail affreux
En 2002, Chris Boyd et Jordan Birch, deux étudiants organisent à Vancouver la première Ugly Christmas Sweater Party (soirée du pull moche de Noël). C’est un carton ! Les sociologues constatent que le concept se répand au-delà des universités, notamment dans les entreprises lors des Office Christmas Party.
Pourquoi un tel engouement ? Anne-Marie Blackman et Brian Clark Howard, dans leur ouvrage Rock Your Ugly Christmas Sweater, paru en 2012, analysent le succès du phénomène par l’impossibilité totale de passer une mauvaise journée dans un pull orné de lutins et autres bonhommes de neige, la dimension nostalgique d’un monde enfantin clignotant, scintillant, tintinnabulant.
L’économie florissante du mauvais goût
Face aux requêtes toujours plus nombreuses pour trouver un ugly christmas sweaters sur Google, un énorme business se développe autour de ces tricots ridicules. Asos, Primark, Amazon, H & M ou encore Cache Cache proposent des collections toujours plus baroques.
Les ethnologues du Christmas Jumper distinguent trois phases dans le rituel de la journée mondiale du pull moche de Noël, instaurée en 2011. Tout d’abord, dégoter un pull, garni de rennes, de sapins, de boules et de bonhommes de neige. Plus les motifs sont chargés, plus les couleurs sont criardes, plus les pompons et autres grelots sont nombreux, mieux c’est.
Notre sélection ? Chez Primark, le pull Dark Vador (18 euros) sera impeccable pour aller voir Rogue One : A Star Wars Story et la petite laine sapin de Noël (18 euros), idéale pour décorer son Nordman. Paris Saint Germain propose un pull (48 euros) qui vous tiendra au chaud au stade. Le chandail bonhomme de neige de Cache Cache (39,99 euros) sera ravissant pour aller skier. Les amoureux du père Noël craqueront pour ceux de chez Amazon (31 euros) ou celui d’ASOS (46 euros). Le pull Burger King x Rad x Buzzman (29,90 euros) a une petite poche dans laquelle vous pouvez placer votre smartphone sur lequel vous aurez préalablement téléchargé une vidéo de flammes et ainsi créer l’illusion d’un feu de cheminée.
Certains misent sur le DIY pour se démarquer.
Ensuite, porter le pull toute la journée, avec dérision et distinction, et enfin, partager son expérience sur les réseaux sociaux avec les hashtags #PullMocheDeNoel, ou #ChristmasJumperDay, ou encore #UglyChristmasSweater. A vous de jouer !