Le conte de fée Instagram du Gucci Gang
IT GIRLS•Comment quatre ados repérées sur Instagram sont devenues la coqueluche du petit monde de la mode ?….Anne Demoulin
Elles incarnent une certaine idée une génération Z. Annabelle, Angelina, Crystal et Thaïs forment le Gucci Gang, un girl’s band version millenials. Un groupe de copines, âgées de 14 à 16 ans, repérées sur Instagram par WM Models, une agence de mannequin couplée à une société de conseil en management de célébrités et de gestion de marques spécialisée dans la mode. Itinéraire d’une bande de it girls issue d’une jeunesse parisienne dorée et connectée, qui affole la Fashionsphère.
Quatre jeunes filles dans le vent
«Angelina Woreth a été repérée par un de mes collaborateurs via Instagram. C’est elle qui m’a présenté les autres filles », raconte Olivier Lafrontiere, leur agent depuis le début de l’année chez WM Models. Angelina Woreth, 16 ans, fille du réalisateur Eric Woreth, est lycéenne au lycée Voltaire dans le 11e arrondissement à Paris. La jeune fille affiche déjà sept années de mannequinat au compteur. Elle a notamment été le girl crush d’Asos en octobre. Une petite carrière en solo avant de s’afficher sous l’étendard du Gucci Gang.
Thaïs Klapisch, 15 ans, élève en arts appliqués au lycée Maximilien-Vox, dans le 6e, est la fille d’un autre réalisateur de cinéma, Cédric Klapisch. Crystal Murray, 14 ans, est élève du collège privé Saint Jean Gabriel, dans le 4e, est la fille du saxophoniste de jazz américain David Murray. Annabelle Ferrera, 16 ans, est lycéenne à Maurice-Ravel dans le 20e arrondissement de Paris.
Comme les Beatles, elles étaient cinq au début, mais Eleonore, vue dans un film réalisé par Alexandre Silberstein et produit par 1nstant.fr, manque désormais à l’appel. « Je ne les connaissais pas lorsqu’elles étaient cinq. Je ne sais pas comment ça s’est passé », commente leur agent.
« Les filles se sont rencontrées dans des anniversaires », explique leur agent. Elles « se sont connues sur les bancs de l’école », selon nos confrères de Clique TV. Si l’origine exacte de leur rencontre reste un mystère, les filles sont inséparables sur les réseaux sociaux depuis près de deux ans, et réunissent plus de 50.000 followers sur Instagram. « Elles n’ont finalement pas énormément de followers, mais elles sont suivies par les personnes qui comptent », se réjouit leur agent.
Le nom de leur clique n’a rien à voir avec la célèbre firme italienne. « On s’appelle le Gucci Gang, parce qu’on est un gang de filles qui ne se lâchent pas », expliquait Crystal dans le film d’Alexandre Silberstein « Il y avait une fille de notre classe dont la mère avait comme mail “guccibella”, on a toutes mis ça dans notre description Instagram et c’est resté. Nos amis nous appellent comme ça “le gucci arrive” », détaillait en avril Thaïs sur Clique TV. « Elles ne s’appellent pas vraiment le Gucci Gang », lâchera à 20 Minutes Olivier Lafrontiere.
La Gucci Gang Mania
Qu’importe les quelques incohérences dans le storytelling, les quatre ados affolent la fashionsphere et les marques de mode. En mars 2016, Angelina Woreth fait la couverture de L’Officiel avec trois autres mannequins, Lottie Moss (la nièce de Kate), Thylane Blondeau (la fille de l’ex-footballeur Patrick Blondeau) et Anaïs Gallagher (fille de Noel Gallagher, l’ex-guitariste d’Oasis).
Puis, i-D les shoote toutes de Gucci vêtues, Dazed décrète qu’elles incarnent la jeunesse parisienne, et Le Nouvel Obs d’expliquer comment elles « bouleversent la mode ». En mai, Angelina et Thaïs font sensation à Cannes, habillées par Chanel. Gagnant collatéral de cet engouement médiatique, la marque de luxe Gucci. « On parle d’eux, la marque capitalise », commente Alexandra Jubé. Contacté par 20 Minutes, le service de presse de Gucci observe qu’« elles ne dégradent pas l’image de la maison », mais n’envisage pas de les prendre comme égéries pour le moment : « Rien ne s’est dit en Italie à ce sujet ».
« Le Gucci Gang incarne les codes de la jeunesse de la génération Z », estime Alexandra Jubé, responsable Insight & Digital chez NellyRodi. « Ce qui est intéressant c’est qu’il s’agit d’un groupe où chaque membre a sa singularité. La mode est le mode d’expression de cette singularité », poursuit l’experte. So digital natives et si sages (il suffit de regarder leurs comptes Instagram pour s'en convaincre), le Gucci Gang est scruté par les marques de mode qui ne savent pas comment attirer une jeunesse qui se lasse en un clic.
Les quatre adolescentes « font partie d’une génération qui sait capitaliser sur sa notoriété, et qui parvient à professionnaliser tout ce qu’elle fait », analyse Alexandra Jubé. A l’image des comptes Instagram de Thaïs, Angelina, Annabelle, Crystal, devenus leurs « books », selon Olivier Lafrontiere. Une notoriété durable ? « Tout dépend de ce qu’elles en font. En matière de storytelling, il faut qu’elles aient de nouvelles choses à raconter », conclut Alexandra Jubé. Etre une bande de it girls, ce n’est pas une sinécure !