RENCONTREMort de Jean-Pierre Coffe: «Et si ce n’est pas la saison ? Faites des boîtes !», disait-il

Mort de Jean-Pierre Coffe: «Et si ce n’est pas la saison ? Faites des boîtes !», disait-il

RENCONTRESouvenirs d'un déjeuner avec Jean-Pierre Coffe en 2010, à l'occasion de sa disparition...
Jean-Pierre Coffe sur le plateau de Vivement Dimanche en avril 2010
Jean-Pierre Coffe sur le plateau de Vivement Dimanche en avril 2010  - BENAROCH/SIPA
Stéphane Leblanc

Stéphane Leblanc

Bien manger pour pas cher, Jean-Pierre Coffe, mort ce mardi, a toujours défendu cette idée, dans des émissions de télévision, puis dans des publicités pour Leader Price ou dans des livres. 20 Minutes l’avait rencontré en février 2010 lors de la parution d’un de ses livres consacrés à la bonne bouffe à bas coût, ouvrages à petit prix eux aussi…

A cette époque, Jean-Pierre Coffe invitait les journalistes pour des interviews en tête à tête au George, le deuxième restaurant du palace parisien George V, pas vraiment le genre d’endroit bon marché. Mais le pourfendeur de la malbouffe était un dandy de la gourmandise et en tant que tel, un homme généreux. A l’occasion de sa disparition, 20 Minutes vous propose de (re) découvrir notre rencontre avec le chroniqueur gastronomique.

Après Le Plaisir à petit prix (Plon), best-seller vendu à 400.000 exemplaires qui invitait à cuisiner pour moins de 9 euros par jour, Jean-Pierre Coffe remettait le couvert avec Recevoir vos amis à petit prix (toujours chez Plon). Un ouvrage sur le bonheur de recevoir à dîner… sans dégonfler le porte-monnaie. Deux cents recettes conviviales sont accompagnées d’une liste de vins ne dépassant pas 5 euros. « C’est un livre opportuniste, bien sûr, admettait l’animateur télé. Je profite de la crise, mais ces livres ont une vocation sociale : se retrouver autour d’un bon plat. »

« Hors saison, faites des boîtes ! »

La plupart des recettes étaient les siennes. Sauf celles des desserts, où il a puisé son inspiration « dans les livres de restrictions parus pendant la guerre ». Avec cet ouvrage, on découvrait un nouveau Coffe. L’homme paraissait plus calme, parlait posément. Il semblait loin, le temps où c’était « de la merde », le jambon polyphosphaté qu’il exhibait sur les plateaux de télé. « J’ai gueulé pendant des années. On me disait “vous mentez”, mais j’ai fini par convaincre des industriels de développer des produits naturels, et même du bio. Pas cher. »

Ce qui ne l’empêchait pas de rester fidèle à lui-même, défendant les produits de proximité et les légumes de saison. « A la fin de l’hiver, disait-il, vous avez des choux magnifiques, et des poireaux de gros calibres. Faites donc des poireaux au jambon, c’est délicieux et ça ne coûte pas cher. » Et si ce n’est pas la saison ? « Faites des boîtes ! lançait-il. Il vaut mieux une bonne conserve qu’un produit sans goût acheté hors saison. » Et de conclure en ascète : « La première économie serait sans doute de moins manger. Car aujourd’hui, de toute façon, on mange trop. »

Un plat pas cher qui donne du rouge aux joues

Parmi ses recettes, nous vous présentions celle-ci que nous avions faite et refaite des dizaines de fois : les joues de bœuf à la languedocienne de Jean-Pierre Coffe. Pour huit personnes, faites sauter 1,8 kg de viande à l’huile d’olive avec des gousses d’ail hachées. Ajoutez 1 kg de tomates, du sucre, du gros sel, du poivre, une branche de romarin et une bouteille de vin. Laissez cuire longtemps à feu doux. Ajoutez du persil et servez. C’est délicieux ! On a juste réduit la sauce, trop liquide, et rajouté du sucre pour casser l’acidité.

A l’époque, en 2010, ce plat nous avait coûté 28 euros pour huit. Ce qui n’était pas cher, mais quand même 5 euros de plus qu’annoncé, avec des joues à 10 euros le kilo (au lieu de 8,50 euros), des tomates à 2,30 euros (et non 1,80 euros), et un madiran pour la sauce à 4,50 euros (plutôt que 3 euros). Et on faisait nos courses à Paris, et non à Châteaudun (28) comme l’auteur.