Thando Hopa, mannequin sud-africaine révélée par sa peau albinos
MODE•A 25 ans, la top-modèle souhaite battre les préjugés en brèche...20 Minutes avec AFP
Thando Hopa a grandi à l’ombre, ses bras menus toujours à l’abri de manches longues et de crèmes solaires jusqu’au jour où cette Sud-Africaine a dit adieu à ses complexes et accepté de devenir mannequin pour lutter contre les préjugés pesant sur les albinos.
« Savoir se définir est le premier pas pour devenir ce qu’on veut être »
Entrée dans le monde de la mode sans le gabarit réglementaire, c’est en dilettante qu’elle défile ou pose pour un couturier local, jouant de ce corps à peau de lune, dépigmenté des pieds à la tête, qu’une anomalie génétique, plus répandue en Afrique qu’en Occident, lui a donné à la naissance. Spectrale, le sourcil invisible, la lèvre à peine rosée d’une pointe de fuchsia et le cheveu crépu moussant d’un blond javellisé, elle explose en couverture du numéro zéro de Forbes Life Africa en 2013. « C’est l’une des plus belles photos de moi », commente la jeune femme de 25 ans. « Mais plus jeune, longtemps, je n’ai jamais pu sortir sans me maquiller. Avec le temps, j’ai pris confiance. Savoir se définir est le premier pas pour devenir ce qu’on veut être. »
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Une photo publiée par treeSiezty (@eggsbuggs)
Une photo publiée par treeSiezty (@eggsbuggs) le 5 Mai 2015 à 15h05 PDT
Chouchoutée par un père ingénieur
Diplômée de droit, elle travaille comme procureur à la cour de Johannesburg, tout près de là où Nelson Mandela avait sa plaque d’avocat dans les années 1950. « J’ai été approchée plusieurs fois pour être mannequin mais j’ai refusé, je ne voyais pas l’intérêt. Un métier aussi superficiel, je me disais, ah, après tout je suis juriste ! », s’amuse-t-elle. Quand le designer Gert-Johan Coetzee croise sa route en 2012 au hasard des allées d’un centre commercial, elle réfléchit à nouveau : « C’est là que ma sœur m’a dit de ne pas voir le mannequinat comme du mannequinat, mais comme un moyen de changer les regards sur l’albinisme. "Souviens-toi comme les gens te traitaient !" ».
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Une photo publiée par @madeinmamaafrica
Une photo publiée par @madeinmamaafrica le 6 Juin 2015 à 14h59 PDT
Troisième d’une famille de quatre enfants - son cadet est aussi albinos -, Thando n’a jamais eu vraiment à se plaindre. Protégée par une mère cultivée et cinéaste, elle est chouchoutée par un père ingénieur qui n’a jamais cessé de lui répéter qu’elle était « la plus adorable des petites filles ». Mais même en Afrique du Sud, où les cas de meurtres d’albinos et de trafics d’organes rapportés par les médias sont rarissimes, il reste beaucoup à faire, dit-elle.
« D’autres crachaient par terre »
« J’ai eu des gens qui me demandaient si c’était vrai que les gens comme moi disparaissaient, pfuitt, quand ils meurent car ce mythe existe et la réalité est qu’il y a encore des superstitions. Dans certains coins, les gens se précipitaient en disant "Oh mon Dieu, tu portes chance !" et ils me serraient dans leurs bras. D’autres crachaient par terre pour chasser le mauvais sort », se souvient-elle.
Et « si ma mère avait écouté les profs, je n’aurais jamais rien fait de ma vie. Ils pensaient que j’étais lente, presque stupide, retardée mentale. Ils ne réalisaient pas que je ne pouvais pas lire au tableau » à cause d’une forte myopie, commune chez les albinos. « Souvent, les gens atteints d’albinisme dodelinent de la tête pour accommoder la vision, et les autres trouvent ça bizarre », remarque Thando. « La mode, ajoute Thando Hopa, me rappelle mon côté créatif. Mais ça a été une décision rationnelle. Les écoles ont besoin de comprendre ce qu’est l’albinisme, comme n’importe quelle autre forme de différence : les enfants sont tous différents ».
« Me and my little bro…. I love how mom tried to sort out my hair lok pic.twitter.com/NiLADpU1jD — Thando hopa (@thando_hopa) June 1, 2015 »