TENDANCELe cousu-main reprend du galon

Le cousu-main reprend du galon

TENDANCEDe plus en plus de Français se mettent à la couture...
Anne Demoulin

Anne Demoulin

Les patrons ont la cote et la bobine est in. «La couture, c’est pas un truc de grand-mère, c’est hyper "staïle"», défend Christina Cordula lors de la présentation de l’émission Cousu-Main, lancée fin août sur M6. Pourquoi la couture a-t-elle repris du galon?

«Une prise de conscience»

La tendance s’inscrit dans celle du Do It Yourself (DIY ou le «fait soi-même»). «Il s’agit d’un changement dans nos modes de consommation. Le modèle de la mode jetable décline un peu au profit d’une mode durable et personnalisée», estime Nam Pham, fondatrice de Papa Pique et Maman Coud, site de vente d’accessoires en tissu, puis de tissus à la demande des clients.

«Certaines marques de prêt-à-porter font travailler des enfants ou des ouvriers dans des conditions intolérables, il y a eu une prise de conscience», confirme Assia, fondatrice Bobines et Combines.

«Revenir à des valeurs sûres»

La tendance émerge au moment de la crise des subprimes. «Pourtant, les tissus et la mercerie coûtent cher», souligne Céline Delavet, responsable marketing et communication de Ma Petite Mercerie, créée il y a quatre ans.

Si la couture ne permet pas d’économiser, le phénomène est indirectement lié à la crise. «Les crises créent un climat anxiogène. On a besoin de revenir à des valeurs sûres, ça peut être le jardinage ou la couture. Quand on coud, on vide son esprit», remarque Assia.

«Auparavant, la couture était une obligation. Aujourd’hui, on coud pour le plaisir», résume Adelino, candidat de Cousu Main sur M6.

«Se réapproprier du savoir-faire»

Dans une époque très connectée où l’on vit au travers les écrans, «faire de la couture permet de refaire quelque chose avec ses mains, de se réapproprier du savoir-faire», estime Julien Scavani, juré de l’émission Cousu Main sur M6.

Et avec les blogs, «on peut partager ce qu’on fait, ça titille un peu la fibre orgueilleuse qu’a tout un chacun. Le Web participe aussi du fait que si l’on voit un blog couture, on peut se dire: "finalement c’est facile, je peux aussi le faire"», considère le juré.

«L’envie de se démarquer»

Marre de la standardisation! «Dans la rue, tout le monde se ressemble», note Maud Bonnouvrier, créatrice de Made in Me Couture, site qui propose des patrons thermocollants.

«La couture revient en force parce qu’on a de plus en plus envie de se démarquer. Moi, je n’aime pas porter les mêmes vêtements que les autres, alors, je me les fais moi-même», explique Adelino.

«On veut coudre lorsqu’on a un enfant»

La couture est encore trop souvent une affaire de femmes. «On se dit qu’on veut coudre lorsqu’on a un enfant en faisant une petite gigoteuse ou un petit bavoir. Là, la grande mode, ce sont les couches lavables», explique Céline Delavet.

Asia a tissé avec Bobines et combines un réseau d’ateliers de couture, qui propose des cours pour petits et grands et un service de libre-service de machines «qui fonctionne comme un cybercafé».

«A Paris et dans les grandes villes, les hommes viennent pour apprendre à faire un ourlet ou à coudre des boutons. En régions, il n'y a presque que des femmes», déplore Asia.

«Commencer par des choses simples»

Comment se lancer? «Il faut commencer par des choses simples comme un coussin, une pochette, un ourlet. Bref, des coutures droites, et là c’est gagné», conseille Céline Delavet.

Les patrons thermocollants de Made in Me Couture sont nés pour simplifier le travail des novices. «Pour le montage, on a fait une notice, un peu comme Ikea pour le meuble», détaille Maud Bonnouvrier. En suivant pas à pas les croquis, il est possible de monter un vêtement en quelques heures. «La partie technique doit être ludique et la création prendre toute sa place», estime-t-elle.

«En regardant des tutos, on peut maîtriser son sujet en six mois et au bout de neuf mois, se faire plaisir», estime Julien Scavani. A vos marques, prêts, cousez!