Naomi Campbell: «Il faut aider ces filles, qu'elles soient asiatiques, noires, ou multi-raciales»
STYLE•Superstar noire et volcanique de la mode, Naomi Campbell, 44 ans, veut faciliter l'accès sur les podiums prestigieux aux femmes non blanches...20 Minutes avec AFP
«Monsieur Mandela m'a toujours dit : "Il faut que tu te serves de qui tu es pour parler haut et fort de certaines choses"», révèle la top modèle. Proche depuis les années 1990 de l'icône de la réconciliation raciale mort en décembre, Naomi Campbell reste fortement marquée par l'héritage immense de celui qu'elle appelait son «grand-père», déclare-t-elle dans un entretien exclusif à l'AFP.
«Tout n'est pas facile à dire et tout n'est pas aisément acceptable par tout le monde, et tout le monde ne va pas forcément aimer ce que tu dis», se souvient encore la star, presque aussi connue pour ses colères homériques, ses démêlés judiciaires avec d'anciens employés l'accusant de mauvais traitement, que pour sa beauté.
Elle n'aime pas être la seule non-blanche sur les podiums
Et ce qu'elle dit, c'est qu'elle «n'aime pas être toujours toute seule sur les podiums» des défilés de mode, seule représentante des mannequins qui ne sont pas blanches. Une tendance de plus en plus marquée jusqu'à peu, selon elle. «Quand j'ai commencé ma carrière, il y avait davantage de mannequins de couleur sur les podiums qu'aujourd'hui», estime-t-elle.
Repérée à 15 ans, elle défile pour Gianni Versace à 16 ans et entre dans l'histoire en décrochant la première couverture d'une top noire du Vogue France à 18 ans. «J'ai toujours reçu le soutien extraordinaire» de créateurs comme «Yves Saint Laurent, Azzeddine Alaïa, Gianni Versace, Karl Lagerfeld. Ils m'ont tous énormément soutenue au début de ma carrière, j'ai eu beaucoup de chance», confie Naomi Campbell.
L'une des trois grandes de la «Trinité» des supermodèles des années 1990, avec l'Américaine Christy Turlington et la Canadienne Linda Evangelista, Naomi Campbell réfute avoir souffert de discrimination raciale, même si elle s'est déjà ouverte à la presse à ce sujet. «Je ne peux pas vraiment dire ça, j'ai eu ce que j'ai voulu et j'ai pu réussir, grâce à l'aide des créateurs, et je fais toujours des unes de Vogue», affirme-t-elle, avant de se rendre à un shooting pour Vogue Italia cet été.
«Si elles se plaignent, elles ne seront pas bookées»
«C'est pourquoi je me dois de soutenir à mon tour les jeunes mannequins car leur relation avec les couturiers n'est plus la même», explique Naomi Campbell. Entre-temps, les directeurs de casting ont appris à faire écran, et les mannequins non-blancs ont vu leur carrière dépendre de l'air du temps.
«Quand on me disait "non", je finissais toujours par trouver un autre moyen pour y arriver. Maintenant, c'est un peu différent, parce qu'elles ont peur de parler. Si elles se plaignent, elles ne seront pas bookées». «Il faut aider ces filles, qu'elles soient asiatiques, noires, ou multi-raciales», ajoute-t-elle. Naomi Campbell s'est associée en septembre 2013 à une initiative mondiale, Balance Diversity, lancée par une figure de la mode new-yorkaise, Bethann Hardison, pour dénoncer le manque de mannequins de non-blancs au top du métier.