«Dans "Game of Thrones", on ne se censure pas»

«Dans "Game of Thrones", on ne se censure pas»

SERIEDavid Benioff et D.B Weiss, créateurs de «Game Of Thrones», racontent comment ils travaillent sur la série d'heroic fantasy à succès...
Recueilli par Joël Métreau

Recueilli par Joël Métreau

La deuxième saison de la série d’heroic fantasy «Game Of Thrones» a commencé à être diffusée dimanche soir sur la chaîne HBO, qui la produit. L’épisode peut être regardé dès ce lundi en SVOD sur Orange Cinéma Séries. Rencontrés à Londres le mois dernier, David Benioff et D.B Weiss, créateurs de «Game Of Thrones» reviennent sur l’ascension d’une série pleine de sang, de sexe et de fureur.

Que se passe-t-il dans la deuxième saison?

La saison s’intéresse surtout à ce qui se passe quand le pouvoir devient vacant. Elle montre comment les différentes factions qui essaient de s’en emparer s’affrontent entre elles.

Etes-vous restés fidèles aux romans (la saga Le Trône de fer en français) de George R. R. Martin?

La deuxième saison est fidèle à l’histoire de Martin. Même s’il y a des éléments du deuxième livre que nous implémenterons plus tard et des éléments de livres suivants que nous avons mis dans cette saison. Le deuxième livre est plus long, mais nous avons autant d’épisodes dans la deuxième que dans la première saison, soit dix. On ne voulait surtout pas essayer de tout faire rentrer dans le scénario, pour ne pas avoir de scènes qui durent seulement 45 secondes avec des personnages qu’on ne prend pas le temps de connaître. Nous avons déjà une immense palette de personnages. La série doit fonctionner autant pour ceux qui n’ont pas ouvert Le Trône de fer que pour ses lecteurs.

Avec son contenu parfois explicitement violent et sexuel, n’avez-vous pas peur d’aller trop loin?

Est-ce qu’on se censure en ne montrant pas certaines actions? Non. Si c’est nécessaire à l’histoire, on les montre.

Vous avez quand même changé l’âge d’une des héroïnes…

Daenerys Targaryen a 13 ans dans le roman, mais on a du choisir une actrice d’au moins 18 ans. Car dans la saison 1, elle a des scènes importantes à caractère sexuel. On ne peut moralement pas le faire avec une actrice qui n’a pas l’âge requis. Mais avec Emilia Clarke, on a trouvé l’actrice idéale pour le rôle.

Dans la première saison, la mort d’un des personnages principaux a suscité beaucoup de réactions. Cela vous fait quoi?

Une des choses qui nous a fait le plus plaisir, c’est que le secret a été bien conservé. Des millions de lecteurs du livre savaient ce qui allait se passer, mais sur Internet ils l’ont gardé pour eux. Bien sûr il y a toujours un idiot qui va spoiler. Mais les autres voulaient que les spectateurs éprouvent la même expérience qu’eux, de la surprise voire de la colère. C’est génial de pouvoir faire ressentir des émotions extrêmes aux gens. On aime bien cette vidéo d’un mec, enregistré par un copain, qui regarde la fin de l’épisode. Juste de le voir partir en vrille, c’est gratifiant.

N’avez-vous pas l’impression que tous les personnages sont borderline?

Ils font des choses pour des raisons compréhensibles au vu des situations. C’est une série où il n’y a ni bon ni méchant. Même un personnage comme Cersei Lannister. L’actrice Lena Headey est venue passer une audition pour le rôle. A la différence des autres actrices, elle ne l’a pas joué façon «reine de glace». Mais elle l’a interprétée de manière plus étrange, plus drôle. Même si ce personnage commet des choses horribles, en apprenant des choses sur son passé, le spectateur va avoir plus de sympathie pour elle.

Quelle est l’implication de George R. R. Martin dans la série?

Il écrit un épisode par saison. Il était impliqué dès le départ, dès le casting. On a mis en ligne toutes les vidéos des auditions de manière à ce qu’il les regarde de New Mexico, où il habite. Il donne des commentaires. Puis nous lui disons aussi le chemin qu’emprunte la série. On veut raconter une grande histoire. Et si HBO veut continuer veut bien nous donner huit saisons, quelqu’un d’assez maso pourra regarder 80 heures d’affilée: cela lui donnera l’impression de voir un long film plutôt qu’une série d’épisodes. George R. R. Martin fait aussi des commentaires sur les détails. Les dragons, par exemple… George avait une idée très précise de leur design. Ils devaient avoir deux jambes et deux ailes. Un style plus ptérodactyle. En même temps, on ne veut pas trop le solliciter pour éviter de l’enlever à sa tâche première: écrire des livres. Il a encore deux gros romans à écrire dont dépend notre travail.

Vous connaissez donc la fin de la saga Game of Thrones?

Oui, on connaît les grandes lignes de ce qui va se passer dans les deux prochains romans.

Pourquoi un casting très britannique?

Avec l’accent de Brooklyn, ça ne fonctionnerait pas! Peut-être, parce qu’au cœur de l’inspiration de Game of Thrones, il y a la Guerre des Deux-Roses. Et que les acteurs britanniques ont une expérience plus grande du théâtre.