Stéphane Guillon: «Je ne crois pas à l'influence de l'humour»

MEDIAS•Le dernier spectacle de l'humoriste, «Liberté très surveillée», sort en DVD. L'occasion, en cette année présidentielle, de discuter du rôle des humoristes en politique...

L'humoriste Stéphane Guillon, au Palais de la Mediterranée de Nice, le 5 novembre 2010 - SYSPEO/SIPA

Charlotte Pudlowski

Publié le 13/12/2011 à 00h00 • Mis à jour le 13/12/2011 à 09h05

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Plus que quatre mois avant l’élection présidentielle. Nicolas Sarkozy, Eva Joly, François Hollande… Qui a le plus gros potentiel humoristique?
Nicolas Sarkozy est très facile à caricaturer, il a beaucoup d’aspérités, mais c’est facile de tomber dans l’antisarkozysme primaire. Pour contrer ça, j’ai eu l’idée dans mon dernier spectacle d’un professeur d’Histoire qui fait classe en 2040 et raconte ses deux mandats (je suis parti du postulat d’une réélection). C’est presque de la politique fiction. J’ai trouvé ce décalage pour faire rire sans que ce soit du déjà vu: j’essaie de ne pas aller à la faciliter.

Ce serait quoi la facilité?
C’est DSK par exemple. Je l’ai fait en 2009, quand c’était l’omerta. Aujourd’hui pas un chroniqueur ne s’abstient d’en parler, moi je commence vraiment à m’en lasser. J’ai toujours essayé d’être un peu novateur.

C’est donc plus facile de rire des nouveaux candidats comme François Hollande ou Eva Joly?
Ce n’est jamais facile de trouver un angle original, surtout sur des personnages qui sont plus lisses. Pour François Hollande, je n’ai pas encore trouvé comment m’en amuser. J’évite les attaques physiques, contrairement à ce qu’on a pu dire au moment de mon éviction de France Inter. J’aime le rire intelligent, celui qui a du fond. Les cafouillages, la guerre interne au PS, ça c’est plus drôle. Beaucoup de gens s’y détestent, n’arrivent pas à cohabiter, ils se mettent sur la gueule en permanence. Ca c’est un angle pour le rire.

Sur la candidate de EELV, Eva Joly?
J’ai fait quelques sketches sur elle. L’idée de faire du vélo et de manger bio en permanence c’est drôle. Eva Joly a un côté sinistre. Je racontais dans un de mes précédents spectacles les supermarchés bio. Ces gens qui mangent sainement sont tous sinistres, ils sont blanc, ils ont un teint cireux, ils sont malheureux. Alors que ceux qui mangent de la merde sont très contents. J’encourage donc Eva Joly à polluer, à ne pas trier ses ordures, à prendre un bon coca bourré d’aspartame, peut-être que ça ira mieux.

Depuis les campagnes de Chirac en 95 et 2002, plusieurs études ont souligné une des humoristes sur l’opinion. Vous y prêtez attention?
Je ne suis pas d’accord avec ces études, je ne crois pas à l’influence de l’humour. En tous cas pas plus que celle des éditos, de la vie de tous les jours. On a dit que la marionnette de Chirac en Super Menteur, aux Guignols, l’avait rendu sympathique. Mais je ne crois pas que quand on va mettre son bulletin dans l’urne on se souvient de telle ou telle saillie d’un humoriste.

L’idée que les humoristes feraient des éditoriaux a été un levier pour me licencier de France Inter, la direction avait expliqué qu’il ne fallait pas mélanger l’humour avec l’actualité. Mais c’est une connerie. Le métier de journaliste c’est de ne pas être partisan; nous notre boulot d’humoriste, c’est d’être outrancier, c’est cela qui fait rire. Donc on ne peut pas nous mettre sur le même plan que des journalistes.